A quels réels défis se confrontent les épiceries solidaires ? Par la publication d’un observatoire, l’Andes (Association nationale de développement des épiceries solidaires) dresse le portrait de ce modèle d’aide économique dans un contexte de crise croissante.
Rendue publique le 9 janvier, l’étude d’une cinquantaine de pages retient quatre conclusions.
1. La précarité alimentaire augmente
« En cinq ans, le nombre d’épiceries solidaires a augmenté de 40 %, passant de 380 structures en 2019 à 619 en 2024 », pointe le document. Pour répondre aux besoins, les structures d’aide se sont diversifiées. Ainsi, le nombre d’épiceries étudiantes a été multiplié par 2,5 et les épiceries itinérantes ont triplé.
Un phénomène qui illustrerait l’intérêt que portent les municipalités et les associations pour ce modèle qui laisse aux bénéficiaires le choix des articles et leur permet de régler leurs courses.
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2. Une offre variée
Selon l’étude, 30 % des produits proposés sont des fruits et légumes frais, 28 % des protéines et des produits laitiers et sept épiceries du réseau proposent des produits bio.
L’observatoire note toutefois des tensions économiques. « 66 % des approvisionnements proviennent d’achats, contre seulement 34 % issus de dons. Cette dépendance accrue aux achats est renforcée par une chute de 29 % des dons collectés auprès de la grande distribution entre 2022 et 2023 », pointent les auteurs de l’étude.
3. Près de 50 % de jeunes majeurs
En termes de profils, près de 50 % des bénéficiaires ont moins de 25 ans et seuls 37 % sont en emploi, en études ou en formation. Les 75 % de bénéficiaires salariés occupent, quant à eux, des contrats précaires rendant difficile l’accès à une alimentation suffisante et saine.
Avec un reste à vivre quotidien moyen compris entre 1,20 € et 10 €, la majorité du public doit faire des choix drastiques. Pour répondre à ces besoins, les épiceries appliquent un taux de participation financière moyen de 20 %, permettant aux clients d’acheter leurs produits à une fraction de leur valeur marchande.
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4. Un modèle économique fragile
Malgré la demande croissante et les contraintes économiques, les épiceries solidaires restent dynamiques et adaptables. Mais près de 23 % d’entre elles se considèrent fragiles en raison de la hausse des prix et de la saturation de leurs capacités d’accueil, alors que deux tiers fonctionnent déjà à pleine capacité.
« Le modèle économique repose principalement sur des subventions publiques, représentant 69 % du budget moyen des épiceries, complétées par 23 % d’auto-financement via les ventes dans l’épicerie et 8 % issus de dons financiers », souligne l’étude. Par ailleurs, les ressources humaines restent un défi : avec 2,4 salariés en moyenne par épicerie et un fort appui des bénévoles, les structures peinent de plus en plus à recruter de nouveaux volontaires, notamment dans les territoires enclavés.