"Alors que sonnent la fin de la trêve des expulsions locatives et du plan hivernal le 31 mars, et que continuent les évacuations de bidonvilles sans solution", le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri et mal logées a exprimé, vendredi 29 mars, son inquiétude à l'égard des personnes qui vont être remises à la rue, les plans territoriaux de sortie de l'hiver (PTSH) étant loin d'être opérationnels partout.
"Malgré les annonces répétées de la ministre du Logement et du Premier ministre concernant la sortie d'une gestion saisonnière de la grande exclusion, les résultats du nouveau compte à rebours du Collectif des associations unies ne montrent aucun changement d'orientation concret sur les territoires où prévaut toujours une logique urgentiste d'accueil humanitaire", poursuivent les organisations, en publiant la deuxième vague de ce compte à rebours (voir encadré).
Absence de visibilité
"La perspective d'une politique orientée résolument vers l'accès prioritaire au logement semble s'éloigner de jour en jour", déplorent-elles au vu de ces résultats, puisque "les projets territoriaux se sont arrêtés à l'étape de préconisations de solutions, la notification des crédits venant d'arriver", à peine une semaine avant la fin de la trêve hivernale.
Certes "le budget annoncé devrait permettre de pérenniser certaines places ou d'en créer de nouvelles", reconnaissent les 33 organisations, mais "l'absence de visibilité sur les solutions mobilisées laisse craindre cette année encore de nouvelles remises à la rue, qui viendront s'ajouter aux personnes restées cet hiver sans réponse malgré leurs appels au 115, et demain, à celles menacées d'expulsion, alors même que le dispositif d'hébergement est saturé et inadapté".
Pour un moratoire en 2013
Et comme si cette perspective ne suffisait pas, il faut encore compter avec "l'accélération des évacuations de bidonvilles sans solution (Rhône, Essonne, Paris...) qui font suite aux propos intolérables tenus récemment par le ministre de l'Intérieur".
A cet égard, le collectif rappelle qu'"il est impératif de développer la prévention de toutes les expulsions, qui reste, malgré des mesures annoncées dans la future loi, la grande oubliée du plan quinquennal : une garantie universelle des risques locatifs sans prévention des expulsions digne de ce nom ne saurait résoudre cette question".
Et les associations de renouveler leur revendication d'un moratoire des expulsions locatives sans solution en 2013, avec dédommagement des propriétaires, "en attendant que les chantiers gouvernementaux aboutissent".
Seule éclaircie dans ce sombre panorama, alors que les mises en chantier sont en net recul, "la baisse de la TVA à 5 % pour la construction et la rénovation de logements sociaux est une très bonne nouvelle pour tenir la promesse ambitieuse de créer 500 000 logements neufs par an dont 150 000 sociaux".
A ceci près, nuance cependant le collectif, que "l'offre nouvelle de logements sociaux est devenue inaccessible à de nombreux ménages fragilisés", d'où la nécessité de développer une offre de logements à destination des plus vulnérables, qui fait toujours défaut.
A.S.