Logement d’abord. « Il n’y a jamais eu autant de passage de la rue au logement que ces dernières années, notamment via les deux plans “Logement d’abord” », indique Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé-Pierre (FAP). Chaque année, 100 000 personnes sortent ainsi du statut de sans-domicile pour devenir locataires.
Concurrence. Pour autant, depuis 2016, la production annuelle de logements sociaux a chuté de 25 %. Et avec 2,4 millions de demandeurs en attente, les individus sans abri et les ménages en habitat inadapté, voire indigne, sont mis en concurrence. « Très peu de logements de type 1 ou 2 sont disponibles. Sur le littoral atlantique, nous travaillons avec le secteur privé, mais il reste inaccessible financièrement au budget des ménages », témoigne Hervé Chaigne, directeur du pôle hébergement du site L’Escale de l’association vendéenne Vista. De nombreuses personnes travaillent et dorment dans des voitures. »
Pari gouvernemental. Ponctionnés par l’augmentation de la TVA, confrontés à un parc foncier de plus en plus rare ainsi qu’à la hausse des coûts de construction et au paiement de forts taux d’intérêt à la Caisse des dépôts, les bailleurs ne sont pas optimistes. « Si le cadre financier ne change pas, les constructions diminueront encore, souligne le directeur des études de la fondation. Le gouvernement semble parier sur le fait que la démographie va diminuer. »
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