Dans cette maison des familles, les questions liées à la parentalité ont toujours été au cœur des discussions. On y parlait grossesse, accouchement, éducation, post-partum, sommeil de l’enfant, temps d’écran, place des pères… mais jamais de façon formelle, jusqu’à ce qu’en janvier 2023, un besoin émerge et donne lieu à un groupe de parole, une fois par mois.
S’il s’adresse à tous les parents, Yap – « Y’a pas de parent parfait ! » – est surtout fréquenté par des migrantes qui viennent échanger des astuces et tisser du lien. « Elles ont toutes en commun d’être mère et cela fédère. Dans cet espace vierge, elles peuvent s’exprimer, trouver une écoute, se rassurer mutuellement et retrouver une certaine notion d’entraide qu’elles ont parfois perdue en arrivant en France », décrit Karine Schoumaker, responsable de la Maison des familles bordelaise.
Un lundi sur deux, c’est au tour des femmes enceintes de se réunir autour de la préparation à l’accouchement. Ces rendez-vous, réalisés en lien avec la consultation transculturelle du CHU Saint-André, composée d’une sage-femme, d’un psychologue et d’un interprète, s’avèrent précieux pour rassurer ces futures mères, particulièrement vulnérables en périnatal. « Il y a un gros travail à faire autour de l’approche culturelle de la grossesse et de l’accouchement. On ne sait pas comment l’enfant a été conçu, ni ce qu’il représente pour ces femmes. La gestion du traumatisme de l’exil est tout le temps présente. De même, selon les communautés, certaines femmes ne peuvent pas accoucher à l’européenne. On leur explique qu’elles ont le choix ; ce qui limite le nombre de césariennes », dévoile la responsable.
Des passerelles peuvent également être créées avec d’autres professionnels, l’objectif étant d’apporter du répit et de la solidarité dans le quotidien de ces femmes.
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