Elles ont connu la faim, la violence, la rue, la précarité… Et la cuisine est le tremplin qui leur a permis de s’émanciper. A La cantine des femmes battantes, toutes celles qui passent derrière les fourneaux sont immmigrées, à l’instar de Mariame, Meïté et Fatou, les trois fondatrices de ce projet qui a vu le jour voilà cinq ans.
Avant que naisse cette cantine, il y avait le collectif Attiéké. Localisé à Saint-Denis, il apportait une aide administrative et matérielle aux familles exilées. Fatou, qui en faisait partie, cuisinait parfois pour le collectif. Un goût des bons petits plats mijotés que partageaient aussi ses deux complices rencontrées dans le même squat. De là est venue l’idée de créer un service de traiteur spécialisé dans la cuisine traditionnelle d’Afrique de l’Ouest avec l’objectif d’y accueillir des femmes dans la même situation qu’elles. « On ne leur donnait pas voix au chapitre alors, pour s’en sortir, elles ont utilisé leur savoir-faire, concocter des mets familiaux africains, tels le maffé, le yassa ou le tiep », rembobine Elise-Leïli, coordinatrice de l’association depuis novembre dernier.
Au-delà de la restauration, ce projet vise avant tout à redonner un pouvoir d’action à ces femmes. Dans la cuisine qui a désormais pris ses quartiers à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), elles peuvent laisser libre court à leur talent culinaire, nouer du lien et s’insérer professionnellement. En appui, une équipe de bénévoles propose des cours de français, de la garde d’enfants sur les heures de travail, ainsi qu’un accompagnement administratif et juridique. 300 gourmands (collectivités, associations, particuliers) font régulièrement appel à ces désormais huit cuisinières pour chaque événement.
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