Après des mois, voire des années de « débats » et de « frustrations » – termes employés par son président fraîchement confirmé Jérémie Boroy –, le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) entame sa nouvelle mandature (2023-2026) sous des auspices plus inclusifs. Un décret du 30 août en modifie ainsi la composition et l’organisation, avec une réforme qui impose désormais un quota de 60 % de personnes porteuses de handicap au sein de ses membres. Une meilleure représentativité qui n’est pas allée de soi, une vision paternaliste et certaines (mauvaises) habitudes étant des défauts largement partagés, y compris dans le milieu associatif. « Auparavant, à la louche, il y avait au mieux un quart du CNCPH qui était concerné personnellement par le handicap », reconnaît Jérémie Boroy, lui-même non entendant. « Beaucoup de personnes avaient renoncé progressivement à leur participation parce que l’environnement ne le favorisait pas. »
Les nouvelles règles du jeu étant établies en conformité avec les principes onusiens en la matière, le CNCPH va poursuivre sa principale mission : être une vigie, une gardienne non coercitive du respect des droits des personnes concernées et de leur prise en compte dans les politiques publiques. « Notre impératif reste l’accessibilité de tous les espaces de la participation citoyenne, reprend son président. Parce qu’il ne s’agit pas d’assigner les personnes handicapées à l’unique traitement des questions inhérentes au handicap. »
« Nous ne sommes pas à Bercy »
L’une des ambitions du CNCPH pour les années à venir : se positionner davantage en amont des textes de lois et ne pas se contenter de réagir à postériori, lorsque les joutes parlementaires ont déjà donné le ton. Désireuse de peser plus concrètement sur le fonctionnement des collectivités, l’instance souhaite également améliorer la concertation entre communes, départements et régions et leurs administrés en situation de handicap. Emploi, santé, désinstitutionnalisation, école… Jérémie Boroy égrène tous les domaines où l’accès aux droits n’est pas encore effectif.
Inquiet par le « durcissement des positions des enseignants comme des familles » face aux carences des politiques en matière de scolarisation, il ne supporte plus la petite musique du : « Les enfants handicapés, il y a des trucs spéciaux prévus pour eux, non ? » Pour le président, la promesse républicaine se doit d’accueillir « 100 % des enfants », en situation de handicap ou non. « Nous avons réussi, à partir de cette rentrée, que tous les enfants aient bien un numéro INE (identifiant national élève). Y compris ceux qui ne sont pas physiquement dans la classe. L’Education nationale en a la responsabilité, comme de n’importe quel autre enfant. »
Même si le CNCPH est désormais associé aux réunions du comité interministériel du handicap, sous la présidence du Premier ministre, son rôle reste celui d’un consultant, avec toutes les limites, notamment financières, que cela implique. « Nous ne sommes pas à Bercy, plaisante Jérémie Boroy. Mais qu’est-ce qu’on a progressé ! »