« J’ai beaucoup apprécié le contact que nous avons eu. Il y avait beaucoup d’humanité », souligne l’une. « C’est sympa de vous occuper de nous, les vieux ! », commente un autre. A la lecture de ces appréciations, on penserait à des visites de courtoisie. Les évaluations – ou bilans de prévention et d’autonomie – de Facilit’Age sont bien plus que cela. La création de l’association, à l’initiative de la Fondation du Parmelan qui accompagne des personnes âgées à Annecy (Haute-Savoie) depuis 1874, repose en effet sur l’idée que bien vieillir, c’est d’abord anticiper. D’où la volonté d’agir « en amont de la perte d’autonomie, en faisant de la prévention et dans une logique d’“aller vers” », résume Laurent Martin, médecin gériatre de l’équipe Facilit’Age qui comprend deux infirmières, deux coordinatrices sociales, des bénévoles et un responsable projet. Un « aller vers » qui s’est traduit en 2022, première année d’activité, par des visites à domicile pour 340 personnes de 75 ans et plus, sollicitées par leurs caisses de retraite, lesquelles financent l’action. « Nous avons privilégié la rencontre, l’échange pour obtenir la motivation des personnes. Nous ne venons pas pour étiqueter », explique Laurent Martin. « Il s’agit d’un tour d’horizon de leur vie actuelle où l’on aborde plein de sujets, confirme Florence Roy, l’une des deux infirmières de Facilit’Age. Surveillent-ils leur poids ? Sont-ils à l’aise avec l’informatique ? Quid de leur mobilité, de leur moral ? Nous expliquons ce qu’on peut mettre en place pour vivre en bonne santé et en sécurité à domicile. »
Un dispositif utile et apprécié
A l’issue de la visite, généralement en binôme d’infirmières ou infirmière-médecin, une synthèse est rédigée. En reprenant les mots des personnes elles-mêmes et en y apposant les risques et les préconisations de l’équipe. Car il n’y a pas de réponse unique à un même problème, qu’il soit social ou médical. « Nous faisons des recherches pour des ateliers numériques ou d’équilibre, des systèmes de téléassistance, des associations de loisirs, ou pour une mise en relation avec des professionnels. Nous prenons contact, faisons le tri et leur fournissons la liste de ceux qui nous paraissent les plus adaptés à leurs besoins », précise Florence Roy. Un suivi doublé d’un appel systématique un mois après la visite. Pour mesurer ce que les personnes ont compris de l’intérêt d’une démarche de prévention. Pour savoir aussi comment elles se sont approprié les préconisations. Toutes ou presque – 97 % – déclarent ainsi avoir jugé « utile » ou « très utile » la visite de Facilit’Age. Mais aussi – à 88 % – avoir pris conscience de leurs fragilités et, dans une même proportion, avoir aujourd’hui davantage confiance dans leur capacité à agir pour les prévenir.
La suite : en 2023, les bilans s’étendent aux 70 ans et plus et au-delà de la Haute-Savoie, avec un bureau dans l’Isère et d’autres en projet dans le Vaucluse et la Saône-et-Loire. Les partenariats se sont également étoffés. Au-delà des caisses de retraite, de la Fondation Denibam pour des actions auprès de publics socialement défavorisés et des Petits frères des pauvres, Facilit’Age a reçu le soutien de la Conférence des Financeurs de la Haute-Savoie. Avec l’Union départementale des associations familiales (Udaf) et le réseau Aide à domicile en milieu rural (ADMR) de Haute-Savoie, elle envisage aussi des actions de prévention pour les aidants. Enfin, le dispositif a été récompensé par la Fondation des usagers comme « Initiative remarquable ». Et donc remarquée.