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Emploi : vers une simplification bienvenue de la VAE

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Crédit photo Quentin Vernault / Hans Lucas via AFP
La validation des acquis de l’expérience (VAE) permet à toute personne, quel que soit son âge, justifiant d’au moins une année d’activité professionnelle en lien avec une certification visée, de pouvoir l’obtenir pour tout ou partie en validant son expérience. Rendre plus aisée cette démarche est l’un des objectifs affichés de la loi « marché du travail » du 21 décembre 2022. Une simplification attendue par des salariés du secteur sanitaire, social et médico-social désireux d’accéder à un diplôme sans devoir « repartir à zéro ». Pour Ingrid Choucrallah et Valérie Rochas, respectivement responsable du département prospective et ingénierie de formation, et responsable formation de Croix-Rouge Compétence, l’accompagnement des salariés mais aussi celui des employeurs constituent une condition sine qua non de réussite.

La Croix-Rouge propose un accompagnement à la VAE spécifique. Comment se déroule-t-il ?

La Croix-Rouge est un organisme « certificateur », c’est-à-dire que nous organisons l’ensemble de la démarche de validation des acquis de l’expérience – de la recevabilité du dossier à l’organisation du jury et à la délivrance du certificat, pour quatre certifications professionnelles – et nous proposons par ailleurs un accompagnement à la VAE pour deux titres professionnels et douze diplômes d’Etat (voir encadré ci-contre), gérés notamment par l’Agence française de paiement, qui a la responsabilité de la VAE sanitaire et sociale. Nous accueillons le candidat pour un premier entretien d’orientation et de repérage, qui dure de 45 mn à une heure, pour analyser, préciser et étudier avec lui son projet, essayer de mesurer les écarts entre les compétences qu’il a acquises par son expérience et celles requises pour l’obtention d’une certification. Nous lui expliquons comment remplir son dossier, élaborer des stratégies pour parvenir à son objectif, évaluer la charge de travail personnel à fournir… A l’issue de ce premier échange, la personne peut, si elle le souhaite, élaborer et déposer directement son dossier de demande de recevabilité. Ou bien poursuivre l’accompagnement pour une aide à la rédaction de son dossier et à la préparation de son passage devant le jury – d’une durée de 10 à 40 heures (48 heures au maximum selon la nouvelle loi, contre 24 heures auparavant).

La VAE nécessite un travail personnel complexe et la décision du jury est souvent longue à parvenir. Cela freine beaucoup de candidats…

Voilà pourquoi l’accompagnement est très important, nous l’avons conçu avec des temps individuels et/ou collectifs, en fonction des diplômes visés. Il comporte également des actions de formation s’il le faut, des périodes de mise en situation professionnelle pour compléter les connaissances et acquérir les blocs de compétences manquants. Mais il est vrai que la façon dont a été conçue la VAE à l’origine a beaucoup complexifié les démarches, les délais d’attente pour passer devant un jury durent parfois jusqu’à un an, ce qui crée un risque fort de démotivation des candidats. La validation partielle demande parfois de valider certains modules, et de retourner en formation. Ce qui peut prendre du temps. Pour les métiers du secteur sanitaire et social, très réglementés, l’obtention du diplôme complet conditionne souvent l’exercice des métiers. Pour devenir aide-soignant, par exemple, il faut avoir obtenu tous les blocs de compétences que comprend le diplôme, ce qui peut exiger plusieurs années. Ce n’est pas simple non plus pour l’employeur. Un salarié peut valider certaines compétences, et devoir suivre une formation pour acquérir le complément l’année suivante, sans pouvoir évoluer professionnellement dans l’intervalle. Il serait important de ne pas trop échelonner dans le temps l’obtention de ces blocs pour éviter les découragements. D’autant que dans le secteur social et médico-social, qui a du mal à attirer des candidats, les employeurs peuvent vraiment apprécier la démarche d’une VAE. Elle permet d’accéder plus rapidement à une certification, et ne pas les contraindre à remplacer une personne pendant un an au minimum, temps qui serait nécessaire pour préparer un diplôme par la voie « classique ».

L’employeur a-t-il un intérêt à ce que les salariés s’engagent dans une VAE ?

Nous constatons une hausse des demandes de « VAE collectives », dans le secteur médico-social. Cela répond à un besoin qui s’est renforcé depuis la crise sanitaire. Les établissements vivent une forte tension de recrutement, et ont embauché des personnes en les faisant monter en compétences, en les recrutant comme « faisant fonction ». Elles n’ont pas toujours le diplôme correspondant à leur poste. Nous constatons une volonté grandissante et une nécessité de régulariser des situations, de légitimer ces salariés en leur permettant d’accéder à la certification concernée. Certaines structures proposent à leurs collaborateurs un accompagnement spécifique, ce qui est intéressant dans la mesure où l’employeur est partie prenante(1). Nous souhaitons insister sur l’une des conditions de réussite du parcours de VAE : l’engagement des établissements, lesquels peuvent mettre en place un tuteur, un coordonnateur pouvant soutenir les salariés dans leurs démarches, quand ils désirent ne pas s’engager dans une VAE à titre seulement individuel.

La Croix-Rouge a participé à l’expérimentation « Reva »(2), avant la réforme de la VAE, visant à simplifier l’accès et à raccourcir les délais de procédure. Cette réforme vous semble-t-elle aller dans le bon sens ?

La loi a pour objectif d’alléger et de faciliter les parcours, nous y sommes bien sûr favorables. Elle individualise et renforce l’accompagnement des candidats, donne la possibilité de réaliser des compléments de formation en cours de parcours et de bénéficier d’une durée d’absence plus longue pour préparer les sessions devant le jury. Certains de nos sites de formation ont participé à cette expérimentation, qui concernait essentiellement les métiers du soin et de l’accompagnement social. Les premiers résultats indiquent une réduction de la durée du parcours permettant l’obtention des certifications. Celui-ci a été ramené à environ quatre mois. Nous nous inscrivons donc dans les objectifs de la réforme. Tous les décrets d’application ne sont cependant pas encore parus pour la mettre en place pleinement. Outre une diminution des délais, nous avons déjà constaté une augmentation conséquente des VAE à la Croix-Rouge, passées de 143 en 2020 à 585 en 2021. Pour que le nombre de VAE progresse encore, il convient de renforcer les bases visant à faciliter la vie du candidat, en simplifiant, en communiquant de façon simple et claire… Il s’agit d’un premier élément fondamental. Le deuxième point primordial est de leur offrir la possibilité de découvrir un nouveau métier auquel ils prétendent en préparant un nouveau diplôme, c’est-à-dire de s’acculturer, notamment en étant accompagné par des organismes de formation spécialisés, qui vont favoriser cette intégration et cette connaissance. La VAE ne se résume pas au remplissage d’un dossier.

L’accompagnement à la VAE de la Croix-Rouge

La Croix-Rouge propose l’accompagnement à la VAE de quatre certifications Croix-Rouge, de deux titres professionnels et de douze diplômes d’Etat :

• certifications : brancardier, secrétaire médical et médico-social, coordonnateur de parcours d’accompagnement et de soins, accompagnant en gérontologie (avec le groupement d’intérêt public – formation continue insertion professionnelle [GIP FCIP] de Toulouse) ;

• titres professionnels : assistant de vie aux familles et agent de service médico-social ;

• diplômes d’Etat : accompagnant éducatif et social, aide-soignant, assistant de service social, assistant familial, auxiliaire de puériculture, conseiller en économie sociale et familiale, éducateur de jeunes enfants, éducateur spécialisé, infirmier de bloc opératoire, moniteur éducateur, responsable d’unité d’intervention sociale (Caferuis), technicien en intervention sociale et familiale.

Notes

(1) Le dispositif de soutien de branche (DSB) à la VAE est un mécanisme d’accompagnement renforcé pour les candidats souhaitant obtenir un diplôme par la voie de la VAE, créé par le secteur des activités sanitaires, sociales et médico-sociales privé à but non lucratif. Il répond aux besoins en compétences des employeurs, en soutenant la professionnalisation et la qualification de leurs salariés.

(2) La première expérimentation concernait les métiers du grand âge, et les certifications d’assistant de vie sociale et d’accompagnant éducatif et social. Une deuxième expérimentation est en cours.

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