Tom a 12 ans et une passion dévorante : les maisons abandonnées et les chemins de fer désaffectés. Il passe des heures à les géolocaliser pour aller les visiter. « C’est là qu’il se sent bien », raconte son père, qui le suit dans son rêve de devenir chasseur de fantômes professionnels. Cet « intérêt spécifique », comme l’appellent les spécialistes, signe le trouble du spectre autistique dont souffre Tom. Petit, il pouvait s’amuser avec sa toupie pendant des heures sans jamais faire cas des autres autour de lui. Retard de langage, colères inexpliquées, difficulté à regarder dans les yeux… A 2 ans et demi, le diagnostic est tombé : autisme léger à modéré. A l’école, Tom est accompagné par une auxiliaire de vie scolaire.
C’est parce qu’il était inquiet pour son avenir que Mickey, son papa, a décidé de prendre sa caméra et d’aller à la rencontre d’autres personnes comme son fils. En France et à l’étranger. A 35 ans, Matthias s’occupe aujourd’hui du multimédia à Chapiteaux turbulents, un Esat parisien spécialisé dans le spectacle. Le poste exige « concentration » et « précision », souffle-t-il. Julie, elle, est chercheuse et spécialisée dans l’insertion sociale des personnes autistes. Auteure de la bande dessinée La différence invisible, son credo est de miser sur les forces des personnes autistes, au lieu de considérer uniquement leurs déficits. L’idée n’est pas nouvelle mais elle a du mal à faire son chemin en France, où la prise en charge de l’autisme est à la traîne.
Au Danemark, en revanche, les entreprises sont incitées à investir dans la différence, comme pour Martin qui, à 30 ans, travaille à la surveillance des bagages par rayon X à l’aéroport de Copenhague. Obsédée par « l’optimisation », Valérie vit au Québec. Designer, photographe, elle reçoit les gens dans son bureau à domicile, à ses conditions, « comme ça, j’ai le contrôle sur mon environnement, je suis plus calme ». En Israël, grâce à une formation spéciale, Elad a fait son métier de la passion de Tom pour la géolocalisation par les cartes satellites. Un film qui ouvre le champ des possibles.
« Autisme : le petit chasseur de fantômes » – Mickey Mahut et Laurent Kouchner – Diffusé sur LCP le 26 octobre à 20 h 30 – Le film sera suivi d’un débat.