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L’accord sur les migrants entre Londres et Kigali est sur les rails

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Crédit photo Niklas HALLE'N / AFP
Les organisations non gouvernementales britanniques alertent déjà sur des cas de suicide et des tentatives d’expulsion de mineurs, alors que les premiers vols expédiant des migrants au Rwanda débutent ce mardi 14 juin.

Comment empêcher les demandeurs d’asile présents sur le sol britannique d’être expulsés manu militari vers le Rwanda, considéré comme une des pires dictatures du continent africain ? A Londres, les organisations non gouvernementales et les travailleurs sociaux qui accompagnent les migrants sont sur le pied de guerre, alors qu’une première vague d’entre eux doit s’envoler pour Kigali ce mardi 14 juin, fruit d’un accord controversé signé entre le Royaume-Uni et le Rwanda.

Quelques jours avant la date fatidique, la presse britannique rapportait plusieurs tentatives de suicide, comme celle d’un Afghan de 32 ans ayant appris qu’il risquait un aller-simple vers la capitale rwandaise. Le mois dernier, le site « infomigrants.net » avait déjà documenté le suicide d’Hassan, un Soudanais de 27 ans retrouvé pendu à l’arrière d’un camion à Calais et qui espérait rejoindre le sol britannique. « Il ne parlait pas beaucoup. Les dernières nouvelles annonçant que le Royaume-Uni prévoyait d’envoyer des migrants comme nous au Rwanda n’a peut-être fait qu’ajouter à son désespoir », avait notamment témoigné un de ses proches.

Dissuader les migrants

Car voilà bien l’objectif de l’accord officialisé le 14 avril dernier, qui prévoit le versement par Londres de 144 millions d’euros au gouvernement rwandais pour la sous-traitance ubuesque de la question migratoire et du sort des demandeurs d’asile présents outre-Manche : « Le but de ce plan est d’agir comme un moyen de dissuasion encore plus terrifiant pour les réfugiés. [Cet accord] n’est pas l’acte d’une nation civilisée ou compatissante. Il n’est pas étonnant que les actions de Priti Patel [la ministre de l’Intérieur britannique, ndlr] poussent les victimes du monde entier à se suicider par désespoir », déclare Clare Moseley, directrice générale de l’association caritative Care4Calais.

Enver Solomon, directeur général du Conseil pour les réfugiés, qui a également protesté aux côtés de la Croix-Rouge britannique contre la mise en œuvre du plan, estime que « les politiques draconiennes inscrites dans le projet de loi sur la nationalité et les frontières et leur accord avec le Rwanda ne feront pas grand-chose pour dissuader les personnes désespérées, parce que ces politiques ne répondent en rien aux raisons pour lesquelles les gens tentent de rejoindre le sol anglais ». Il confirme cependant l’accentuation du désespoir des migrants : « Nous avons reçu un certain nombre de rapports inquiétants de nos services constatant l’impact dévastateur de cette menace d’expulsion sur les demandeurs d’asile. Des témoignages tragiques sur l’aggravation de leur santé mentale, et sur des cas d’automutilation. »

Plusieurs organisations caritatives dénoncent également les tentatives d’expulsions de jeunes adolescents, parfois âgés de 14 ans, et pourtant déclarés majeurs par les autorités britanniques. « Le nombre d’enfants à qui l’on a attribué l’année de naissance 1999, alors qu’ils ont clairement moins de 18 ans, est très préoccupant, ce qui met ces jeunes en danger », proteste Daniel Sohege, responsable des campagnes pour l’ONG Love 146 UK. Lauren Starkey, une travailleuse sociale citée par le quotidien The Guardian, fait le même constat : « Il n’est pas possible que quiconque, en particulier une personne formée à la protection de l’enfance, puisse regarder les enfants que nous avons vus et conclure qu’ils ont 20 ans. » De nombreuses contestations judiciaires pourraient cependant retarder la mise en œuvre du plan prévue le 14 juin, alors que le Premier ministre Boris Johnson doit rejoindre une semaine plus tard la capitale rwandaise, pour participer à une réunion du Commonwealth.

 

Mise à jour du 15 juin

Après des recours en justice, et une décision en urgence de la Cour européenne des droits de l’Homme, l’avion spécialement affrété pour des centaines de milliers d’euros est finalement resté au sol.

« Dernier billet annulé. PERSONNE NE PART AU RWANDA », a tweeté mardi soir l'association d'aide de soutien aux réfugiés Care4Calais.

 

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