A chacune de leurs interventions, désormais, les maraudeurs de l’association La Sasson, qui pilote le 115 à Chambéry (Savoie), ne se déplacent plus sans leur sac à dos noir. A l’intérieur, une tablette, un smartphone, des batteries nomades et des recharges téléphoniques à destination des personnes à la rue qui auraient besoin d’accéder en ligne à un service de droit commun, prendre un rendez-vous médical ou simplement communiquer avec leurs proches. « Il y a déjà fait un petit moment qu’on cherche à combler la demande grandissante autour de la question de l’inclusion numérique, mais, faute de moyens, nous n’avons rien pu proposer jusque-là », retrace Abdelaziz Al Bahraoui, chef de service de la plateforme de veille sociale départementale à La Sasson.
Du matériel et de la formation
Voilà trois mois, l’association chambérienne a toutefois pu rejoindre le projet Maraud’In. Ce dernier, décliné dans cinq autres territoires français(1), est expérimenté depuis janvier 2021 par la FAS, avec le soutien de la Fondation Afnic pour la solidarité numérique. Il permet, grâce à une dotation de 5 000 €, d’équiper les maraudeurs en outils multimédias dans le but de lutter contre la fracture numérique des personnes les plus précaires. Un enjeu d’autant plus prégnant que la France entame en 2022 une nouvelle étape dans la dématérialisation des démarches administratives. « Ces outils sont devenus aujourd’hui des accessoires de première nécessité », décrit Sarra Cheklab, chargée de mission en inclusion numérique et accès aux droits à la FAS.
Outre un accès à Internet, ces maraudes visent à accompagner les publics à devenir autonomes. « Auparavant, lorsqu’une personne avait une démarche administrative à réaliser, il fallait qu’un de nos professionnels le fasse à sa place, et bien souvent avec son propre outil informatique. Or, en l’occurrence, le matériel est non seulement en libre-service, mais en plus on est dans la responsabilisation des usagers », illustre Sabine Blond, directrice du développement, de l’action sociale et territoriale (Dast) au Foyer international d’accueil et de culture (Fiac) à Berck-sur-Mer.
Inscrite dans le projet depuis début 2021, l’association a doté deux de ses dispositifs, le camion de l’équipe mobile de l’accueil de jour et le camping-car Pamela(2), de tablettes avec forfait 4G, de téléphones portables et de bornes de recharge. De plus, une douzaine de salariés ont reçu la formation de deux jours dispensée par le réseau partenaire MedNum, tel que le prévoit le projet Maraud’In. « La finalité est de donner aux participants les clés pour réussir à évaluer les compétences numériques de la personne qu’ils accompagnent ou encore de savoir adapter leur accompagnement aux spécificités de certains publics », détaille la chargée de mission à la FAS.
Sur le terrain, cette formation s’avère incontournable. « Ce n’est pas forcément dans l’ADN du maraudeur de se poser une heure pour assurer ces tâches. Sans compter que parmi nos professionnels, un certain nombre n’a pas une maîtrise suffisante de l’outil pour amener les gens à faire par eux-mêmes », observe Abdelaziz Al Bahraoui. C’est pourtant l’un des défis des prochaines années. La solution dans l’immédiat ? Continuer à former les équipes pour que « cette culture infuse dans leur démarche ». Même pari du côté de la FAS qui, tout en espérant une pérennisation d’ici la fin de l’année, vient d’ouvrir une nouvelle campagne d’appels à projets afin d’équiper 15 nouvelles maraudes en 2022.
(1) Berck-sur-Mer, Strasbourg, Lille, Moulins, Guyane.