L’idée en est apparue au début du XXe siècle dans le contexte de la mobilisation des suffragettes britanniques luttant pour l’obtention du droit de vote pour les femmes. Lors de la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes, en 1910 à Copenhague, la journaliste féministe Clara Zetkin fait adopter la proposition de création d’une « Journée internationale des femmes », en reprenant l’idée de la manifestation organisée par les socialistes américaines l’année précédente. Outre l’obtention du droit de vote, cette mobilisation vise plus largement l’égalité entre femmes et hommes. En effet, alors que la première journée de ce type est célébrée le 19 mars 1911 et que les femmes obtiennent progressivement le droit de vote avant la guerre dans quelques pays européens (Finlande, Norvège, Danemark et Islande) et aux Etats-Unis, le combat pour l’équité reste essentiel.
Mais le choix du 8 mars trouverait son origine dans un événement bien précis. La grève menée par les ouvrières le 8 mars 1917 à Saint-Pétersbourg passe pour un élément déclencheur de la Révolution russe. Pour mémoire, dès 1921, cette date devient en URSS et dans les pays communistes une journée consacrée au rôle des travailleuses dans la lutte du prolétariat. Autre son de cloche dans le bloc occidental, où la Journée des femmes aurait pour fondement une grève de couturières new-yorkaises, le 8 mars 1857, pour réclamer de meilleurs salaires. Selon l’historienne Françoise Picq, il s’agit en réalité de la fabrication d’un mythe destiné à placer l’Amérique à l’avant-garde des luttes pour les droits des femmes.
La vague féministe des années 1960 et 1970 contribue au renouveau de la célébration de cette journée dans les pays occidentaux et partout dans le monde : aux Etats-Unis, une première manifestation est organisée à Berkeley (Californie), le 8 mars 1969, tandis qu’en France les militantes du Mouvement de libération des femmes (MLF) se mobilisent en 1975 contre la décision de l’ONU de créer une « Année internationale de la femme », perçue comme une récupération de la lutte féministe.
A la même époque, dans les pays du bloc de l’Est, le sens politique initial de la Journée des femmes, devenue plutôt le « Jour des mères », s’est complètement dilué. C’est justement pour lutter contre une vision essentialisée des femmes que la France a choisi dans les années 2010 d’utiliser la dénomination « Journée internationale des droits des femmes ».
Entre combats féministes et socialistes, le 8 mars revêt plusieurs facettes. Mais face aux récupérations politiques, commerciales et communicationnelles de cette journée, celle-ci n’est qu’un faible signal des luttes qu’il reste à mener pour parvenir à l’égalité.