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Vie associative : le congrès, un événement fédérateur

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32me Congrs de l'UNIOPSS - Corum de Montpellier - 30/03/2016

32ème Congrès de l'UNIOPSS - Corum de Montpellier - 30/03/2016

Crédit photo Uniopss
Associations - Relégué au second rang pendant la crise sanitaire, le congrès demeure le moment phare de la vie associative. Un événement onéreux brassant de multiples enjeux et qui nécessite, en coulisses, une préparation sans failles.

« Le congrès ? C’est l’événement le plus important de l’association. Il permet de fédérer l’ensemble des acteurs – adhérents, salariés, acteurs locaux, élus au conseil d’administration, entreprises adaptées… – autour de débats qui nous concernent tous et de définir nos orientations pour les années à venir. », pose Patrice Tripoteau, directeur général adjoint d’APF France handicap. Fédérer les acteurs ? Ils sont en tout cas nombreux : 20 000 adhérents, 15 000 salariés dont 300 directeurs. Ce qui suppose de trier sur le volet les participants : chaque département dispose d’un nombre de places au prorata de ses effectifs.

Important, l’événement l’est aussi par sa rareté. Un tous les cinq ans. Comme la durée du projet associatif, présenté et voté à cette occasion. Le dernier congrès s’est tenu à Montpellier (Hérault) en 2018. Le prochain aura donc lieu en 2023. Et si le nom de la ville n’est pas encore arrêté, ses contours, eux, sont bien connus. L’hôte sera forcément une métropole, seul territoire en capacité d’accueillir un congrès de cette envergure. Un détail laisse imaginer l’ampleur du chantier : « Nous accueillons pendant trois jours plus de 1 000 personnes dont une partie porteuse de handicap, souligne Patrice Tripoteau. Il faut trouver des hôtels en conséquence alors que la plupart d’entre eux ne disposent que de deux ou trois chambres adaptées. Lors de notre dernier congrès, 25 personnes avaient besoin d’un lit médicalisé qu’il faut louer et installer. Il nous est arrivé, malgré nos précautions, que certains hôteliers refusent au dernier moment le lit. »

Organiser un congrès constitue un défi logistique. Sur la forme, de la décoration à la sonorisation en passant par la gestion de l’hébergement, APF France handicap fait appel à une agence qui va travailler en lien avec le lieu d’accueil. Quelque 200 bénévoles sont également mis à contribution. Mais sur le fond, seules les équipes de l’association prennent en main la préparation. Un comité de pilotage travaille sur la vue d’ensemble du congrès, sa dynamique et son programme. Un autre mobilise les forces vives de la région hôte, avec des postes temporaires dédiés à l’organisation. Un troisième s’attelle au projet associatif(1), point d’orgue de l’événement, travaillé longtemps en amont avec les différentes délégations régionales.

Suivre le timing électoral

A chaque congrès ses objectifs, son lieu et sa date, choisis selon des paramètres qui ne laissent rien au hasard. Si APF France handicap, qui suit la dynamique de son projet associatif, juge « intéressant de faire le point » un an après l’élection présidentielle, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) tient son congrès trois mois avant, en janvier 2022. « L’objectif principal de notre congrès ? Porter nos propositions, rendues publiques à cette occasion. On invite ainsi les candidats déclarés ou leurs représentants, hors extrême droite, à débattre et à réagir », explique Alexis Goursolas, responsable du service « stratégie et analyse des politiques publiques ». Le timing est précis. « Il ne faut pas arriver trop tôt, pour pouvoir exercer une pression sur les candidats, ni trop tard pour ne pas être submergé par le raz de marée médiatique des dernières semaines. En mars, les programmes sont bouclés, et on sait que l’exclusion ne constitue pas le sujet des derniers débats. » Hôte du congrès, la fédération bretonne a été choisie après une sélection qui n’a rien d’une formalité. « On lance un appel à candidature dans nos régions, on auditionne les candidats au siège et le bureau fédéral tranche sur la base de plusieurs critères, notamment la capacité de la fédération locale à mobiliser, remarque Alexis Goursolas. Le congrès est l’événement majeur de la fédération. Il engage nos fonds propres. On ne peut le réussir qu’avec le concours actif de la région. »

Après un congrès à Tours (Indre-et-Loire), en 2018, l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) tiendra, elle aussi, son congrès à Rennes, en janvier 2022 (voir encadré). L’occasion de « faire corps avec nos adhérents, de promouvoir des sujets et des valeurs, note le directeur Jérôme Voiturier. C’est un moment où l’identité n’est pas seulement affirmée mais visible dans un lieu. » Initialement prévue en avril 2020, la manifestation a été reportée à deux reprises. Ce qui devait être discuté à mi-mandat présidentiel le sera désormais à quelques mois du scrutin. Ce qui change la donne. « Nous avions choisi pour thématique l’innovation, pour contrecarrer le discours ambiant sur le vieux modèle associatif. La thématique est toujours d’actualité. Mais il a fallu l’actualiser. » Autre évolution : l’Uniopss en profitera pour présenter son projet de société en vue de l’élection présidentielle. Pour ce congrès, l’ensemble des 35 salariés du siège et des unions régionales a été impliqué.

Journée de réflexion mais aussi de rencontres, un congrès trouve son rythme dans ses articulations entre les temps de débats et de convivialité. En janvier, la FAS ouvrira son événement par une table ronde inaugurale, censée poser les enjeux de la lutte contre la pauvreté. Sont généralement invités : un grand témoin, « ni du sérail, ni trop extérieur », comme le directeur du think tank Terra Nova, Thierry Pech, en 2017 ; une personne accompagnée et des représentants du réseau et des collectivités territoriales. Suivront une quinzaine d’ateliers et conférences sur des thématiques du moment couvrant la diversité des champs de la fédération, pour s’achever, en point d’orgue, sur le débat en présence des candidats à la présidentielle.

Village des initiatives

Tout au long du congrès, un village des initiatives favorisera les rencontres et les prises de contact. L’idée ? Non pas exposer, comme le veut la tradition, les activités des adhérents sur des stands mais mettre en avant des initiatives de la manière la plus vivante qui soit : happenings, mises en scène, etc. « On lance un appel à manifestations d’intérêt pour que nos adhérents fassent remonter les projets et proposent une manière de les présenter. » Tout sera prévu pour passer dans ce village et surtout y rester : d’abord, des temps morts, sans conférences, sont annoncés ; ensuite, l’aménagement de l’espace se voudra convivial, avec la présence de services de restauration notamment proposés par des structures de l’insertion par l’activité économique (IAE). Dernière dimension de ce congrès : le temps de la fête. En 2017, un concert avait permis de rassembler les congressistes.

De rythme, il en est question au sein même des débats, qui prennent parfois des formes originales. APF France handicap organise, par exemple, des « ateliers ruche » qui réunissent huit personnes autour d’un sujet. A la tribune, les thématiques abordées peuvent être illustrées par des films qui donnent la parole aux acteurs de terrain. Pour favoriser l’interaction avec la salle, l’association propose parfois au public de préparer ses questions par écrit. « Il faut une diversité d’expression. Il n’y a rien de pire que des gens qui disent “tout va bien” à la tribune et une salle qui pense “tout va mal” ou l’inverse », justifie Patrice Tripoteau.

Le directeur général adjoint d’APF France handicap évalue le coût de la manifestation proche du million d’euros, financé à 80 % par les fonds propres de l’association, le reste par les collectivités et des partenaires privés. La Fédération des acteurs de la solidarité évoque, pour sa part, un budget compris entre 200 000 et 250 000 euros, financé en partie par les participants, les exposants et les partenaires. « Mais au bout du compte, évalue Alexis Goursolas, il restera 50 000 à 100 000 euros à payer. » On comprend l’importance de réussir son congrès. A tout prix.

Collision de dates

Certains hasards sont malheureux. En 2022, la FAS et l’Uniopss organisent toutes deux leur congrès à Rennes, à une semaine d’intervalles. La première ouvrira le bal les 6 et 7 janvier lorsque la seconde suivra les 13 et 14. Investies sur les mêmes champs, les deux structures comptent de nombreux adhérents en commun – la première est même membre du conseil d’administration de la seconde. Se déplaceront-ils deux fois sur les bords de la Vilaine ? « C’est dommage, regrette Alexis Goursolas, à la FAS. L’Uniopss a des entrées dans le médico-social que nous n’avons pas et qui apportent une vision globale intéressante. Mais Rennes était la meilleure candidature, il aurait été stupide d’en changer. » L’Uniopss, qui a dû reporter à deux reprises son congrès, reconnaît n’avoir pas eu beaucoup d’alternatives : « On avait engagé des frais avec le Couvent des Jacobins qui nous a proposé des dates de report. On a retenu la plus logique, sachant qu’on évite les périodes de discussion des lois de financement de la sécurité sociale, où sont débattus les textes les plus importants de l’année. »

Notes

(1) Voir ASH n° 3215 du 25-06-21, p. 30.

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