Durement éprouvés par la crise sanitaire, en état « d’urgence absolue » en termes de financements et de ressources humaines, les groupes d’entraide mutuelle (GEM) viennent d’obtenir la prime Ségur (183 € net par mois) pour les salariés de ces structures associatives de pair-aidance. Une victoire pour le Cnigem (Collectif national interGEM, cofondé par la Fnapsy, l’Unafam et Santé mentale France), à l’origine de la pétition lancée voilà cinq mois, qui reste néanmoins très inquiet face aux conséquences post-Covid.
« Nous avons dû faire face à des démissions massives de salariés et nous avons un réel problème de recrutement », s’alarme Pierrick Le Loeuff, délégué général du Cnigem. « Les salaires sont trop bas et les dotations trop faibles. Les fermetures de GEM s’enchaînent, nous sommes au bord du gouffre. » Un constat alarmant qui ne devrait pas s’améliorer, en dépit de la hausse des dotations des GEM (15,3 millions d’euros pour 2023).
Accueillant des personnes en situation de handicap psychique et/ou physique cérébro-lésées, ces groupes d’entraide – il en existe environ 800 en France – ont pourtant le vent en poupe. S’inscrivant dans la philosophie du « pouvoir d’agir », ils permettent de créer du lien social et de lutter contre l’isolement tout en se situant en dehors du cadre classique des établissements médico-sociaux.
« Nous appelons à soutenir davantage les GEM, entre autres en nous donnant les moyens d’avoir au moins deux salariés par structure et en nous octroyant un véritable statut. Nous avons besoin que les salariés et les adhérents puissent avoir une culture commune. Dans l’immédiat, les parcours de soins se sont tellement détériorés que c’est devenu extrêmement difficile. Les Français ne vont pas bien, c’est la Troisième Guerre mondiale au niveau de la santé mentale. »