Le secteur de l’aide à domicile est au bord de la rupture. Tel est le principal constat du troisième baromètre UNA (Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles), Aesio, Macif, Chorum, réalisé par OpinionWay et présenté jeudi 6 mai. Selon ce sondage, 33 % des structures interrogées estiment que la situation s'était déjà fortement dégradée en 2019 et 49 % considèrent que la situation a empiré en 2020. « Cette enquête est l’occasion d’alerter sur les difficultés de notre secteur, affirme Marie-Reine Tillon, présidente de l’UNA. Elle permet de mettre les autorités face à leurs responsabilités. »
Toujours selon ce rapport, faute de moyens humains, les structures ont décidé de réduire ou d’interrompre certains accompagnements. Ainsi, en 2020, près d’une demande sur cinq n’a pu être intégralement effectuée, soit parce qu’elle a été refusée (8 %), soit parce que la prise en charge a été partielle (6 %) ou reportée (5 %). « Dans les faits, cela veut dire que, parfois, les professionnels indiquent ne plus pouvoir passer le week-end ou encore devoir choisir entre deux sorties d’hôpital, illustre Marie-Reine Tillon. Le plus souvent, cependant, cela veut dire que le travail est reporté sur l’aidant. Or celui-ci n’est pas nécessairement formé ou n’a pas le temps. Ce qui est dramatique. »
Des offres mais pas de candidats
Autre observation : entre 2019 et mi-mars 2020, plus d’un quart des structures ont été obligées de refuser de nouvelles demandes de prise en charge, faute de personnel suffisant. Le problème, bien souvent, n’est pas le manque d’offres mais celui de candidatures. Comme les années précédentes, l’enquête montre que 88 % des organismes ont effectivement ouvert des postes au recrutement, mais que 31% de ces derniers n'étaient toujours pas pourvus au moment du sondage. Pire, 73 % des structures déclarent ne pas avoir reçu de CV. « Il y a un vrai travail d’acculturation à effectuer, estime Marie-Reine Tillon. Les directions de Pôle emploi ne connaissent pas nos métiers. Elles en ont une image tronquée, ce qui ne permet pas de les valoriser. »
Face à ces problématiques, les directions avancent un certain nombre de solutions. Ainsi, 98 % d’entre elles souhaitent une revalorisation ambitieuse des grilles salariales. Presque toutes (93 %) souhaitent une meilleure tarification des services d’aide à domicile. Enfin, quatre directions sur cinq (78 %) aimeraient bénéficier de nouveaux moyens pour communiquer sur les métiers du secteur auprès des jeunes et du grand public.
