Actualités sociales hebdomadaires : Quel bilan tirez-vous de la vaccination dans les Ehpad ?
Annabelle Vêques : C'est une vraie réussite, une excellente nouvelle. Les résidents ont été les premiers confinés, c’est bien qu’ils soient les premiers vaccinés. Cela nous permet d’espérer des jours meilleurs. Et surtout d’alléger significativement les mesures de restriction. Depuis le mois de mars dernier, nous sommes sans cesse sur le pont, avec de multiples sollicitations quotidiennes. Mais, depuis plusieurs semaines, grâce à la vaccination, force est de constater que la situation est beaucoup plus calme. La gestion de la crise sanitaire est devenue une sorte de routine. Chacun s’adapte en fonction de la situation épidémiologique locale. Comme la campagne de vaccination n’est pas encore totalement terminée, il y a encore quelques clusters dans les structures. Même si souvent les résidents sont asymptomatiques. L’objectif est de continuer ainsi car cet équilibre reste fragile en raison des variants. Nous restons extrêmement vigilants.
ASH : Les professionnels sont-ils nombreux à être vaccinés ?
A. V. : Il y a encore quelques semaines, nous n’étions qu’à 30 % ou 40 % de vaccinés. Les soignants, comme la population générale, ont été prudents au début. Ils constatent désormais qu’à l'exception de rares cas, tout se passe bien. La tendance est donc à la hausse depuis un mois environ pour atteindre près de 80 % d’agents de 50 ans et plus ayant reçu au moins une dose de vaccin. Ce qui nous a agréablement surpris. Le bon déroulé de la campagne et la pédagogie des médecins coordonnateurs et des équipes dirigeantes ont permis aux professionnels de se rendre compte de l’importance de cette vaccination. Notre but est donc de convaincre les derniers réticents. Ce qui permettra de sortir de la crise.
ASH : Quid de la suite ? Les livraisons de vaccins vont-elles se poursuivre ?
A. V. : Aujourd'hui, la situation est complexe. Les épidémiologistes ne savent pas encore si nous allons devoir vacciner tous les ans. Cependant les enjeux diffèrent. Ce n’est pas la même chose que de vacciner 100 % des résidents en quelques mois et un résident de temps en temps. Il nous faut réfléchir sur les circuits d'approvisionnement des établissements. Par le flux A ou le flux B (1) ? Par l’agence régionale de santé ou le médecin traitant ? Nous allons prochainement en discuter avec les pouvoirs publics. Mais l'essentiel est de continuer à vacciner dès que l'on en a besoin. C’est pourquoi les Ehpad doivent demeurer prioritaires et continuer à recevoir des doses.
(1) Deux circuits de livraison sont prévus : un flux A partant de dépositaires prestataires de Santé publique France (équipés de capacités de stockage à -80°C) et approvisionnant directement 75 % des pharmacies référentes des établissements de personnes âgées ; un flux B passant par 100 établissements de santé « pivots » et alimentant les Ehpad et USLD qu’ils approvisionnent habituellement.