Comme bon nombre de pays, la France est confrontée à un vieillissement de sa population. Mais si leur espérance de vie après 65 ans est élevée, les Français ne vivent pas en bonne santé. Or, compte tenu de l’évolution démographique (avec l’arrivée massive de la génération baby-boom à la retraite), « la prévention de la perte d’autonomie est indispensable », juge la Cour des comptes dans un rapport publié ce jeudi 25 novembre. Pourtant, comme le déplore l’institution, malgré de nombreux travaux parlementaires, de recherches et de rapports administratifs publiés au cours de cette dernière décennie, ce sujet « occupe toujours une place marginale dans les politiques publiques ».
Les magistrats de la rue Cambon se montrent encore plus critiques : « En son état actuel, le dispositif français de prévention n’apporte pas la démonstration de son aptitude à faire face aux problèmes à venir. » « Il doit être amélioré », tranchent-ils. D’autant que la Cour des comptes a calculé « qu’un gain d’un an d’espérance de vie sans incapacité ferait économiser 1,5 milliard d’euros environ dans les dépenses de l’assurance maladie. »
Trop grande diversité des intervenants
S’il existe un consensus autour de la nécessité de renforcer cette prévention ainsi que des actions à mettre en œuvre pour y parvenir, dans les faits, rien ne se passe. Une des raisons, selon l’enquête de la Cour des comptes, est la trop grande diversité des intervenants : conseils départementaux, caisses de retraite, agences régionales de santé, bailleurs sociaux, mutuelles, associations ou encore Agence nationale de l’habitat. Le nombre d’acteurs œuvrant contre la perte d’autonomie est important. Conséquence : les usagers peinent à les identifier et, découragés, ne sollicitent pas leur aide.
Pour remédier à cette situation, la Cour formule six recommandations. Elle propose par exemple la mise en place d’une « offre graduée de services » comprenant trois niveaux. Le premier concernerait l’information à un large public avec une harmonisation entre les territoires et la mise en place d’une plateforme téléphonique nationale d’information. Le deuxième consisterait en « une politique d’aller vers » instituant une visite-conseil chez les personnes âgées, réalisée par des professionnels formés aux problématiques de prévention. Enfin, pour les publics les plus précaires ou les plus isolés, des plans d’aide déployés par l'action sociale des caisses de retraite, mieux pensés et plus homogènes.
« Evolution nécessaire »
Autre préconisation : « conforter les départements dans leur rôle de chef de file de cette politique d’autonomie, en lien étroit notamment avec l’agence régionale de santé et la Carsat [Caisse d’assurance retraite et de santé au travail] ». Et, au niveau national, « permettre à la CNSA [Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie] de moduler les crédits qu’elle verse aux départements, dans l’objectif d’une plus grande équité territoriale, et la doter de ressources suffisantes, afin qu’elle assure son rôle de pilote national de la politique de prévention de la perte d’autonomie ».
En conclusion, la Cour des compte estime que « les transformations nécessaires pour passer d’une trop grande dispersion des efforts à une politique nationale structurée sont substantielles ». Mais que « cette évolution est nécessaire si l’on souhaite améliorer la qualité de vie des âgés et pouvoir continuer à accompagner dignement les personnes en perte d’autonomie ».