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Grégory Doucet : « L’écologie est un point d’appui pour penser l’inclusion »

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Grégory Doucet, maire de Lyon depuis 2020, détaille sa vision de l'inclusion alors qu'il a lancé un plan handicap (2023-2026) pour rendre sa ville plus respectueuse des droits.

Crédit photo Renaud Alouche
Anti-validisme, accès aux droits, pouvoir d’agir, le maire de Lyon a engagé sa ville dans une mue pour s’adapter aux handicaps. Il livre aux ASH sa vision de ce « vivre ensemble » plus inclusif.

Le plan handicap mis en place par Grégory Doucet, maire depuis 2020, ambitionne de faire de Lyon une ville à la fois plus verte et plus inclusive. Au programme : 50 % des bâtiments publics devraient être accessibles d’ici à la fin de son mandat (contre 11 % à son arrivée), création de 4 postes de techniciens pour piloter ces chantiers, 100 balises sonores pour faciliter le déplacement des personnes mal voyantes ou non voyantes, une quarantaine de postes d’animateurs périscolaires et parascolaires pour accompagner les enfants en situation de handicap… Farouchement anti-validiste, l’édile souhaite surtout promouvoir l’accès aux droits.

ASH : Quelle est votre définition de l’inclusion dans une métropole comme Lyon ?

Grégory Doucet : La ville inclusive est celle qui permet la participation citoyenne de tous, entendue comme le plein exercice de tous les droits, qu’il s’agisse d’éducation, de sport, de mobilité ou d’engagement politique. Ma référence est la Convention internationale des droits des personnes handicapées, qui elle-même s’appuie sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH) liant l’inclusion à l’ensemble des sujets qui constituent la vie. Une personne handicapée est avant tout un citoyen ou une citoyenne qui doit pouvoir exercer ses droits d’une manière totale. Réduire l’inclusion à l’accessibilité serait ne voir les choses que par un tout petit bout de la lorgnette. Ce plan handicap a été pensé en co-construction avec des associations représentatives et gestionnaires parce que nous faisons nôtre le leitmotiv du mouvement international des handicapés : « Jamais rien pour nous, sans nous. » Travailler à l’inclusion implique d’associer en premier lieu les principaux concernés.

Pourquoi est-ce important de sensibiliser les personnels et les élus à l’anti-validisme ?

Le validisme est une conception de la société considérant qu’une personne handicapée n’est pas dans la norme. L’approche validiste cherche à corriger le handicap. Elle en a une lecture très médicalisée. A l’inverse, nous estimons à Lyon que c’est à la société de s’adapter, de modifier son organisation, son fonctionnement et son espace public pour que les droits de chacun puissent être exercés de manière totale. Le processus de production de handicap résulte de la combinaison de facteurs individuels – une déficience définitive ou temporaire – et de facteurs exogènes. Quelqu’un qui est en fauteuil roulant et qui se présente devant une mairie d’arrondissement, dès lors que cette dernière est accessible physiquement, avec une rampe par exemple, et que la personne peut se rendre jusqu’au guichet, il n’y a pas de situation de handicap.

Il y a certes une déficience, mais l’environnement est adapté et permet à la personne d’exercer ses droits. De la même façon, pour une personne âgée, si elle bénéficie de toutes les adaptations pour continuer à vivre chez elle, il n’y a pas non plus de situation de handicap. Pour symboliser notre engagement contre le validisme, le parvis du musée des Confluences sera renommé du nom de Judith Heumann, une grande militante américaine des droits des personnes handicapées, connue pour l’occupation d’un bâtiment fédéral, fin des années 1970, afin de réclamer le droit aux études universitaires pour tous.

En tant qu’élu EELV, comment envisagez-vous l’articulation entre inclusion et écologie ?

Le droit à la nature, à un air sain, à une eau non polluée, à l’accès aux jardins ou aux parcs sont tout autant importants que le droit à la culture, au sport ou à l’engagement politique. Il n’y a pas d’opposition entre les deux. Au contraire, je dirais que la pensée écologique, parce qu’elle repose sur une analyse des écosystèmes, pense la place de chacun. C’est ce qui fait d’ailleurs que l’écologie politique est profondément sociale. C’est l’essence même du pouvoir d’agir. En tant que maire, j’estime que l’écologie est un point d’appui pour penser l’inclusion. L’écologie politique se fonde sur une analyse écosystémique aussi transversale que la question du handicap.

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