La situation des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) publics en matière budgétaire et financière « apparaît dégradée, avec une assez grande homogénéité dans la dynamique de dégradation », alerte la Fédération hospitalière de France (FHF). Ainsi, selon son enquête* publiée mardi 3 janvier, 85% des Ehpad publics anticipent un déficit pour l’année 2022, contre seulement 45% en 2019. « Au-delà de cette augmentation significative des situations déficitaires, c’est le niveau de ce déficit global observé qui est important », s’alarme encore la fédération. Précisément, alors qu’elle n’était, en moyenne, que de 87, 36 euros par lit en 2019, cette perte s’élève désormais, en moyenne, à 3 242,30 euros par lit en 2022.
Baisse du taux d’occupation
« La situation est inédite, assure Marc-Antoine Thévenot, responsable adjoint du pôle Autonomie. A court terme, il y a un risque de rupture de trésorerie. A plus long terme, ce sont les capacités d’investissement qui sont impactées avec un risque de retard de la modernisation de l’offre ». Les difficultés s’expliquent, entre autres, par le contexte inflationniste actuel. Selon le rapport de la FHF, en trois ans, les charges d’hébergement ont par exemple augmenté de 9,03%, passant de 1 900 euros mensuels en 2019 à un peu moins de 2 100 euros. Une hausse « très nettement supérieure à la progression des recettes sur la même période ».
Autre sujet d’inquiétude : le taux d'occupation des établissements publics a reculé de 2,75% sur la même période. « La crise du Covid puis l’émoi suscité par l’affaire Orpéa ont eu des impacts significatifs sur le taux d’occupation et la dynamique d’activité au sein des Ehpad, analyse la fédération. Pour certains établissements, il a fallu du temps pour reconstituer une file active comme l’avant crise. Des fermetures partielles de services pour raison de clusters, ou de manque d’effectif ont également pu impacter l’activité des structures en 2022 ».
Un projet de loi grand âge
Plus généralement, alors que la France est entrée « dans une phase aigüe de transition démographique », la FHF a présenté, ce même jour, un projet de loi en faveur d’une société de la longévité. Elle formule 20 propositions dont la création de 100 000 postes supplémentaires consacrés au grand âge (à domicile comme en établissements) d’ici à 2030.
Pour cela, elle préconise, entre autres, de « renforcer la formation, de développer la validation des acquis de l’expérience et l’apprentissage et de poursuivre la revalorisation des salaires », détaille Benjamin Caniard, responsable du pôle Autonomie.
Pour rappel, dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2023, le gouvernement s’est, pour sa part, engagé à recruter 50 000 professionnels supplémentaires dans les Ehpad d’ici la fin du quinquennat, dont quelque 3 000 infirmiers et aides-soignants cette année.
Résultats de l'enquête sur la situation budgétaie des Ehpad publics
Le projet de loi pour une société de la longévité de la FHF
*Les résultats décrivent la situation de plus de 350 EHPAD publics (autonomes et rattachés à un CH) représentant plus de 47 300 lits d’hébergement permanent – soit environ 20% des places d’EHPAD publics relevant de la fonction publique hospitalière – répartis dans l’ensemble des régions françaises.