Leur voix détonne, leur charisme s’impose et leur énergie se propage à une vitesse folle. Difficile de ne pas se laisser absorber par la musique du collectif Astéréotypie. Composé de cinq chanteurs et/ou slameurs issus d’un institut médico-éducatif (IME) accueillant des jeunes autistes et de quatre musiciens, ce groupe de rock pas comme les autres se dévoile sous l’œil de la caméra de Laetitia Møller. Dans un documentaire, la journaliste et réalisatrice s’attache à retransmettre en images l’intensité de leurs représentations sur scène, mais aussi leurs nombreuses répétitions, ainsi que tout le processus de création.
La première fois qu’elle a entendu les textes d’Astéréotypie, la cinéaste explique avoir été « saisie d’une violente émotion ». « Ces jeunes venaient toucher quelque chose en moi : mon propre sentiment d’étrangeté, l’indicibilité de mes angoisses, la crainte parfois de basculer dans un ailleurs du psychisme et de la pensée, explique-t-elle. Sur fond d’inventions sémantiques et de colères hurlées, Yohann, Stanislas, Kevin et Aurélien parlaient d’eux. Et c’est déjà saisissant parce qu’on entend rarement ces jeunes en vérité. Mais je crois que ce qui m’a touchée ce jour-là, c’est qu’ils parlaient aussi de nous. Ils parlaient de ce qui nous entrave et de ce qui nous contient, de nos angoisses terrées, de la violence de l’adaptation sociale, de nos conditionnements. » Avec trois albums à son actif, le groupe se définit comme un collectif de rock « à la frontière de la folie et du punk ».
Leurs titres semblent en effet s’affranchir des codes et des genres pour recréer chaque fois un univers singulier et puissant. A l’origine de cet ovni musical, un atelier de poésie proposé par l’éducateur spécialisé et musicien, Christian L’Huillier. De fil en aiguille, inspiré par les textes des jeunes, le professionnel s’est mis à les accompagner autrement… En musique cette fois.