« Comment, demain, pourrais-je vieillir chez moi ? » C’est à cette question que tente de répondre Luc Broussy dans un rapport remis ce mercredi à Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l’autonomie, Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, et Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au logement. Car plutôt que d’aborder la question du vieillissement sous le seul angle médico-social, le président de France Silver Eco, cofondateur du think tank Matières Grises et fondateur et directeur général du groupe EHPA Presse & Conseil (qui édite notamment Le Mensuel des maisons de retraite), préfère une approche holistique. Il formule 80 propositions visant à adapter les logements, les villes, les mobilités et les territoires à la transition démographique. Pour Luc Broussy, « permettre à une personne âgée devenue fragile de pouvoir vivre chez elle de manière sereine » repose sur trois conditions : un logement adapté, une ville bienveillante et une mobilité qui prend en compte les fragilités.
Il ajoute que le vieillissement n’est pas le même selon que la personne vit en centre-ville, dans un quartier prioritaire, en milieu péri-urbain, semi-rural ou à la montagne. « Pour bien vieillir à domicile », il est nécessaire de prendre en compte « aussi bien la maison que le territoire, le quartier que les moyens de mobilité, la voirie que les toilettes publiques, l’accès à Internet que le soutien aux services d’aide et de soins à domicile ».
« Doubler le nombre d’ergothérapeutes d’ici 2030 »
S’il estime que la question du « vieillir à domicile » ne peut se résumer à une approche seulement médico-sociale, Luc Broussy propose cependant de réformer la tarification des Saad (services d’aide et d’accompagnement à domicile) « pour en faire de véritables acteurs de l’adaptation de la vie à domicile ». Face à un modèle de financement qu’il juge « dépassé », il préconise un tarif national plancher à 23 € de l’heure, fixé par arrêté ministériel et revalorisé chaque année. A cela devrait s’ajouter un financement forfaitisé de 3,50 € de l’heure « destiné à couvrir tout ce qui relève d’une prise en charge plus globale de la personne (repérage de fragilités, prévention, conseils…) ». Pour l'auteur du rapport, « sans réforme profonde de la tarification des Saad tout discours sur le bien-vieillir chez soi sera vain ».
Est aussi abordée la question des Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Le texte considère qu’ils peuvent « jouer un rôle déterminant à l’avenir ». La création d’Ehpad plateformes territoriales est suggérée, comme elle l'avait déjà été par d'autres travaux dans le passé : « l’Ehpad bénéficie de ressources qu’il peut aisément mettre à disposition des personnes âgées vivant à domicile » non loin de cette structure.
Luc Broussy souhaite aussi un « plan ambitieux de rénovation immobilière des résidences autonomie », « évaluer les besoins d’adaptation du logement à chaque demande d’APA (allocation personnalisée l’autonomie) », « doubler le nombre d’ergothérapeutes d’ici 2030 », « cibler d’ici 2030 les 200 quartiers prioritaires de la ville où la population est la plus âgée » ou encore er un comité interministériel de la transition démographique sur le modèle du CIH (comité interministériel du handicap) ».