« A contre-sens le gouvernement » ? C’est ce que martèle la Cimade dans un communiqué diffusé ce 25 novembre à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes.
Depuis plusieurs mois, l’association s’inquiète d’un possible démantèlement de l’Aide médicale d’Etat (AME), qui permet, depuis 2000, l’accès aux soins pour les personnes étrangères en situation administrative irrégulière. Une réforme, estime-t-elle, qui « pourrait faire augmenter les violences et la précarité des femmes sur le territoire français ».
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Déjà envisagé sous le gouvernement Attal, le conditionnement de l’accès au dispositif aux ressources du conjoint aurait pour conséquence d’accroître les situations d’emprise et de dépendance conjugale subie par des femmes étrangères en situation irrégulière. Et à les exposer davantage à des violences conjugales, intrafamiliales, sexistes et sexuelles.
« Si la réforme voit le jour, elle aura ainsi pour conséquence de priver de soins des dizaines de milliers de femmes étrangères en situation de précarité, explique Violaine Husson, responsable des questions Genre et Protections. Une stratégie qui interroge alors même que le gouvernement affirmait avoir hissé la défense des droits des femmes comme Grande cause nationale. »
La Cimade rappelle que les femmes étrangères n’ont pas droit à l’aide universelle d’urgence. Créée par la loi du 28 février 2023, elle permet aux victimes de violences conjugales de bénéficier d’un prêt sans intérêt ou d’un don pour quitter rapidement le foyer.
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La loi asile et immigration du 26 janvier dernier est venue aggraver la situation de celles qui subissent déjà une double discrimination, en tant que femmes et en tant qu’étrangères. Et « les récentes annonces sur des nouveaux textes à venir ne présagent rien de bon pour leurs droits », alerte l’association. Laquelle s’inquiète des coupes budgétaires dans les services publics nécessaires à la prise en charge des victimes.
« Il est temps que le gouvernement se donne les moyens pour une politique efficace de lutte contre les violences, conclut-elle. Nous demandons au gouvernement de mettre en place des mesures concrètes afin que toute personne victime de violences sur le territoire, sans distinction, soit effectivement protégée. »