Pour la première fois, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) et le Service statistique ministériel du ministère de la Justice (SDSE) ont publié conjointement, le 18 octobre, leur étude annuelle sur la traite et l'exploitation des êtres humains en France. Selon ce rapport, le nombre de victimes est en augmentation de 26 % entre 2016 et 2021, passant de 1 439 à 1 811.
72 % des victimes sont des femmes
Dans le détail, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 1 044 victimes de proxénétisme (contre 922 en 2016), ce qui représente 58 % des cas. On dénombre aussi 514 victimes d’exploitation par le travail (réduction en esclavage, travail forcé, réduction en servitude ou conditions de travail et d’hébergement indignes), 331 victimes de traite des êtres humains et 31 victimes d’exploitation de la mendicité.
En moyenne, 72 % des cas concernent des femmes. Une surreprésentation des victimes encore plus importante dans les cas de proxénétisme où elles représentent 95 %. « A l’inverse, les hommes sont surreprésentés parmi les victimes d’infractions d’exploitation par le travail avec 66 % des victimes en moyenne », souligne la publication.
Hausse des mineures prostituées
Autre constat alarmant : 276 personnes mineures françaises ont été exploitées sexuellement en 2021, soit une hausse de 225 % par rapport à 2016. Toutes nationalités confondues, le nombre de victimes mineures s’est établi à 490 l'année dernière, là encore en forte augmentation en six ans (+ 96 %). « Cette augmentation est principalement due à celle du nombre de victimes mineures de proxénétisme (308 en 2021, soit + 161 %) », renseigne l’étude. Et de préciser que « cela correspond à la hausse du phénomène de l’exploitation sexuelle de jeunes filles françaises constatée depuis 2016 par les services de sécurité et la société civile ».
Face à cette intensification, le ministère de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances et la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) ont récemment publié un guide de formation à destination des professionnels.