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Six organisations d'aide aux Roms dénoncent les propos de Manuel Valls

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Six organisations de solidarité viennent d'adresser au Premier ministre une lettre ouverte dans laquelle elles expriment "leur indignation face aux récentes déclarations du ministre de l'Intérieur annonçant la reprise des 'démantèlements' de bidonvilles", accueillant essentiellement des Roms roumains ou bulgares, "au motif que leurs occupants refuseraient de s'insérer en France".
Pour le Collectif national droits de l'Homme Romeurope, la FNARS, la Fondation Abbé-Pierre, Emmaüs France, ATD Quart-Monde, et l'Association des cités du Secours catholique, les propos tenus par Manuel Valls dans un entretien, publié jeudi 14 mars par Le Parisien/Aujourd'hui en France, sont en effet "particulièrement choquants".

Reprise des démantèlements

Mais ces déclarations leur paraissent aussi "contraires aux engagements de campagne du président de la République" ainsi qu'à la mission confiée par Jean-Marc Ayrault au préfet Alain Régnier, délégué interministériel à l'hébergement et à l'accès au logement (DIHAL), mission "visant à organiser un accompagnement global de ces situations, en recherchant avec les services de l'Etat, les collectivités territoriales et les associations, des solutions dignes et des perspectives d'insertion".
S'inquiétant de "cette orientation strictement répressive, qui a déjà démontré dans le passé son inefficacité", les signataires jugent aussi que "ces déclarations traduisent une méconnaissance profonde des conditions de vie et de misère extrême de ces personnes souvent victimes de discrimination dans leurs pays d'origine, pourtant membres de l'Union européenne".
"Comment peut-on en effet affirmer que ces personnes refusent de s'insérer en France, alors que l'accès à l'emploi et au logement social leur est actuellement interdit et que certains maires vont jusqu'à s'opposer à la scolarisation des enfants ?", s'indignent ainsi les six organisations.

Une stigmatisation inacceptable

Dans l'interview du Parisien, le ministre de l'Intérieur, qui avançait le nombre d'environ 400 camps illicites en France, indiquait notamment que "maintenir ces camps [n'était] pas acceptable", et ce d'autant moins "qu'ils sont souvent limitrophes de quartiers populaires dont les habitants, déjà marqués par la crise, acceptent mal cette présence". Par ailleurs, répondant à une question sur les expérimentations de villages d'insertion, il affirmait que "des familles sont désireuses de s'intégrer, mais [qu']elles sont une minorité".
"Nous ne sous-évaluons pas les difficultés posées par l'installation de ces bidonvilles, dont la concentration sur quelques départements provoque des réactions d'hostilité, trop souvent instrumentalisées, voire nourries par des élus locaux"
, reconnaissent certes les associations dans leur lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault. Mais "nous considérons cependant que la stigmatisation de ces familles particulièrement démunies par un membre de votre gouvernement, en attisant les réactions de rejet, est contraire aux valeurs de la République".
Sans compter que si "désigner une population par son origine ethnique est inacceptable et contraire aux principes de notre Constitution, c'est aussi méconnaître le fait que de nombreuses familles présentes dans les bidonvilles sont en France depuis longtemps, contrairement à l'idée véhiculée par le discours du ministre de l'Intérieur", dénoncent encore Romeurope, la FNARS, la Fondation Abbé-Pierre, Emmaüs France, ATD Quart-Monde, et les Cités du Secours catholique, qui demandent enfin à être reçues à Matignon "pour évoquer avec vous la situation de ces personnes et les orientations de l'Etat permettant de répondre à cette urgence humanitaire".

Lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault, en ligne sur le site de Romeurope.

A.S.

Société

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