On le sait désormais. Le gouvernement « démissionnaire » de Gabriel Attal a beau avoir planifié un budget à « valeur zéro » de 492 milliards pour 2025, identique à celui de 2024, tout en laissant au prochain – ou à la prochaine – locataire de Matignon quelques marges de manœuvres, des coups de rabot dans la dépense publique semblent inévitables.
Si l’enveloppe dédiée au Travail et à l’Emploi pourrait d’ores et déjà se voir amputée de 2,9 milliards d’euros selon les informations rapportées par nos confrères du Monde, le Logement pourrait lui aussi subir un régime forcé pour rentrer dans les clous des exigences de Bercy.
C’est en tout cas ce que redoute l’Union sociale pour l’habitat (USH), la fédération professionnelle des bailleurs HLM, qui chapeaute quelque 5 millions de logements en France. En 2024, déjà, les acteurs du logement avaient dû faire le deuil de 250 millions d’euros sur injonction du ministère de l’Economie et des Finances, sur l’enveloppe globale de 400 millions dédiée à la rénovation énergétique des bâtiments pourtant débloquée dans le cadre d’une convention nationale signée à l’automne dernier par le ministre du Logement d’alors, Patrice Vergriete.
Et pour 2025, la cure d’austérité pourrait se prolonger, à en croire certains bruits de couloir : « L’Etat s’était engagé à verser chaque année 400 millions d’euros pendant trois ans, mais aujourd’hui, l’administration nous annonce que ces crédits sont gelés. Elle ne peut nous garantir que ces engagements seront respectés dans le cadre du projet de loi de finances pour l’année prochaine », résume Marianne Louis, directrice générale de l’USH.
La transparence exigée sur le contenu des "lettres-plafonds"
Dans ces conditions, l’incertitude règne. D’autant que le contenu des « lettres-plafonds » – documents que Matignon a adressé le 20 août à ses ministères et administrations afin de fixer le maximum de dépenses à ne pas dépasser d’ici à la fin de l’année – n’a pas été dévoilé. Et pour les acteurs du logement, ce gel budgétaire signifie aussi la mise en stand-by des chantiers… sans assurance qu’ils pourront repartir un jour.
« C’est une catastrophe non seulement pour nos locataires qui ne savent pas s’ils disposeront de logements moins coûteux énergétiquement, mais aussi pour des milliers d’emplois en danger parce que les entreprises qui s’occupaient de ces chantiers sont à l’arrêt ! Le logement est un secteur qui exige de la visibilité et de la confiance », avertit la dirigeante de l’Union.
L’Union sociale pour l'habitat exige ainsi que toute la transparence soit faite sur les orientations budgétaires décidées par le Premier ministre et Bercy. Elle n’est d’ailleurs pas la seule : les députés Eric Coquerel et Charles de Courson, respectivement président et rapporteur de la commission des finances de l’Assemblée nationale, ont menacé de se rendre eux-mêmes à Bercy le 2 septembre prochain pour consulter les « lettres-plafonds » si l’exécutif n’en dévoile pas le contenu auparavant.
A Matignon, on relativise. La situation pourrait se débloquer dès la nomination du successeur de Gabriel Attal. Sauf qu’en l’absence, cette année, de concertations préalables avec les acteurs du logement qui se déroulent habituellement au début de l’été, les professionnels ignorent encore si la convention triennale sera respectée dans le cadre d’un budget 2025. Budget sur lequel Bercy a annoncé, voici quelques jours, un projet d’économies supplémentaires de 5 milliards d'euros se rajoutant à celles déjà réalisées l’année écoulée…
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