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Lutte contre la pauvreté : le collectif Alerte brandit la menace du contentieux

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L'une des affiches du collectif qui devrait faire son apparition sur les murs des gares françaises et du métro de Paris à partir de la mi-février.

Crédit photo DR
Alors que le Sénat débutait ce 22 janvier l’examen du financement des solidarités dans le projet de budget de l’Etat pour 2025, les 37 associations du collectif donnent deux mois aux pouvoirs publics pour mettre en place un plan quinquennal de réduction de la précarité. Sous peine de recours aux tribunaux.

Neuf millions de personnes recensées sous le seuil de pauvreté, soit 14 % de la population française ; 330 000 SDF ; 2 000 enfants à la rue… Le 30e anniversaire du collectif Alerte ne se présente pas sous les auspices les plus réjouissants. Trois décennies après avoir vu le jour à l’occasion de l’obtention du label « grande cause nationale » par une trentaine d’associations de lutte contre la pauvreté, le combat est loin d’être terminé.

Au contraire, assure son président, Noam Leandri, c’est même à une aggravation des situations de précarité que l’on assiste en 2025 : « La pauvreté augmente, s’accompagne d’un décrochage du niveau de vie des personnes précaires et se transmet de plus en plus de génération en génération », a-t-il lancé le 22 janvier, lors d’une rencontre avec la presse.

>>> A lire : Les acteurs sociaux dubitatifs après le discours de François Bayrou à l’Assemblée

« Le problème, c’est que tout le monde a l’air de s’en foutre »

Créé à l’origine pour tirer la sonnette d’alarme sur la précarité de la société française dans les années 1990, le collectif entend aujourd’hui se rappeler au bon souvenir de ses contemporains à l’heure où les récentes réformes du RSA ou de l’assurance chômage risquent d’entraîner une aggravation de la pauvreté en France. « Le problème, c’est que tout le monde a l’air de s’en foutre », déplore Bruno Morel, président d’Emmaüs France et membre d’Alerte. Pour les associations réunies en son sein, en tous cas, les politiques publiques ne sont pas au rendez-vous.

L’application concrète du pacte des solidarités, lancé en septembre 2023 par Elisabeth Borne, se fait toujours attendre. Pire, alors que la loi généralisant le RSA et réformant les politiques d'insertion de 2008 obligeait le gouvernement à fournir chaque année un tableau de bord de la situation de la précarité dans le pays et à prendre les dispositions afin de la réduire, l’exercice a été stoppé en 2011 dans une relative indifférence du monde politique et de la société.

>>> A lire : 30 ans d’Alerte : repenser les politiques publiques pour éradiquer la pauvreté

Une campagne d'affichage pour remobiliser l'opinion...

« Il faut passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultats pour l’Etat et les collectivités territoriales », assure Daniel Goldberg, président de l’Uniopss, cheville ouvrière du collectif. Comment ? Alerte entend à nouveau sensibiliser les décideurs, mais aussi l’opinion, grâce à une campagne d’affichage dans les gares et les couloirs du métro. Prévue pour débuter en février et s’achever en mars, cette communication construite autour du slogan « Et si la pauvreté n’était plus une fatalité ? » entend remobiliser les citoyens autour de cette problématique.

... la menace d'un procès pour remobilier l'Etat

Mais au-delà, le collectif compte bien profiter de cette exposition pour effectuer un rappel à l’Etat, sous forme d’un ultimatum, sur ses obligations en matière de lutte contre la précarité. Et brandit la menace du recours au contentieux devant les tribunaux sur le modèle de ce qu’ont fait les associations environnementales lors de « l’affaire du siècle », si les dispositions de la loi de 2008 ne font pas bientôt leur retour dans la pratique publique. « L’Etat a deux mois pour répondre à ses obligations et fixer un objectif de réduction de la pauvreté sur cinq ans », avertit Noam Leandri. Le compte à rebours a donc commencé, même si le collectif aimerait ne pas en arriver à ces extrémités. A suivre.

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