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L’hébergement citoyen, « une solution à mobiliser » selon un rapport du HCR

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Crédit photo stock.adobe.com
Deux ans après le début de la crise des déplacés ukrainiens, un rapport du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) préconise d’élargir l’hébergement citoyen accompagné en France. Dans un contexte de saturation des dispositifs de logement, il peut constituer « une solution de complément à mobiliser par les pouvoirs publics », estime l’agence onusienne.

Ce fut l’une des singularités de l’accueil des déplacés en provenance d’Ukraine. Jusque-là cantonné à des expérimentations, l’hébergement citoyen accompagné a connu, à la faveur de la crise, un déploiement sans précédent à partir de mars 2022. Pour la première fois, à une large échelle, particuliers et travailleurs sociaux ont œuvré de concert à l’accueil de réfugiés, dans le cadre d’une convention tripartite certifiée par l’Etat.

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Deux ans après le début de l’opération, le haut commissariat aux réfugiés (HCR), dans un rapport intitulé « Hébergement citoyen des réfugiés ukrainiens. Tirer les enseignements d’une exceptionnelle solidarité », dresse le bilan de l’opération et s’interroge sur sa généralisation.

A elle seule, la plateforme publique – qui n’intégrait pas les nombreuses offres formulées sur les sites des associations – a enregistré près de 40 000 propositions d’hébergement. Environ 17 000 réfugiés ont été accueillis par 7 000 hébergeurs. « Cette option, indique le rapport, a mis du temps à se structurer et est demeurée en deçà des besoins réels, dans la mesure où elle n’a concerné qu’environ 10 à 15% des personnes arrivées en France. Mais elle s’est inscrite dans le paysage et devrait y rester comme une solution à déployer à l’avenir. »

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Conduit sous la houlette du chercheur Yves Pascouau, spécialiste des politiques migratoires européennes, l’agence onusienne a cherché à modéliser le dispositif pour voir comment le généraliser. Certes, reconnaît-elle, le contexte invite à la prudence. « La mobilisation sans précédent des acteurs publics et privés a constitué une réponse à la brutalité d’une attaque portée sur le territoire européen et aux mouvements massifs de population qu’elle a entrainés. » Mais l’expérience, menée à grande échelle, a permis de tirer des enseignements à plusieurs niveaux.

Le rapport fait ainsi ressortir trois axes de réflexion prioritaire :

1. Le rôle et la contribution des associations ukrainiennes. « Sollicitées en première intention pour assurer une fonction de traduction et d’interprétation, les associations et leurs membres ont en réalité fait œuvre de médiateurs culturels de facto. »

2. L’importance de l’accompagnement social. « Qu’il s’agisse de l’attention portée aux personnes, hébergeurs et hébergés, au cadre, par la signature d’une convention, à l’information ou à l’évaluation de la cohabitation, l’accompagnement social est un déterminant clé de la réussite ou de l’échec de l’hébergement citoyen. »

3. La dimension territoriale de l’hébergement citoyen, qui ne doit pas se résumer à une relation entre l’Etat et une association référente. « Cette relation doit impliquer les collectivités locales », notamment au-delà des grands centres urbains. « Dans le cadre de la crise ukrainienne, l’essentiel des démarches administratives était concentré dans les préfectures de département, obligeant hébergeurs et hébergés à organiser, parfois avec de grandes difficultés, des solutions de transport vers les villes centres. »

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Dimensionner l'entrée et la sortie du dispositif

Détaillant les grands principes qui doivent régir l’accueil (volontaire, temporaire, accompagné et territorial), le rapport invite à mobiliser une masse critique d’hébergeurs et à anticiper la sortie du dispositif. « Pour 100 propositions d’hébergement présentées, environ 10 seront retenues après évaluation de leur compatibilité avec le projet d’hébergement citoyen », rappellent ses auteurs.

Dans le contexte d’une politique publique, ils invitent l’Etat à positionner le dispositif dans un parcours migratoire. En amont, il pourrait permettre à des demandeurs d’asile de sortir de la précarité avant de réintégrer le dispositif national d’accueil dans lequel ils auraient dû être accueilli. En aval, il ciblerait davantage des réfugiés ou bénéficiaires de la protection internationale avant l’accès au logement.

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L'hébergement citoyen pourrait également se développer dans le cadre des programmes de mobilité universitaire ou en réponse à des situations de crise (catastrophe naturelle notamment), en constituant des réserves de citoyens prêts à s’engager pour des périodes plus ou moins longues.

Quoi qu’il en soit, conclut l’agence, « dans un contexte où demandeurs d’asile et réfugiés n’ont pas tous accès à des solutions d’hébergement ou de logements adaptés, le recours à l’hébergement citoyen peut constituer une solution de complément à mobiliser par les pouvoirs publics ».

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