De 2002 à 2017, la part des Français adhérant à une association du champ social ou caritatif est passé de 4,6 % à 11,2 %, et de 0,9 % à 3,8 % dans le domaine de la santé. Mais ce triplement des effectifs ne dit rien sur leurs motivations, leurs modes d’investissement, la place que leur font les associations pour participer au développement de leur projet politique.
Voilà ce que tente d’interroger, sans prétendre apporter de réponse définitive, une étude publiée par le Centre de ressources des dispositifs locaux d’accompagnement (CRDLA) du champ social, médico-social et de la santé, porté par l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux). Son sous-titre pose d’emblée la problématique : un levier de dynamique associative ?
Diversité du paysage associatif
L’étude a été menée au travers d’une enquête qualitative. Les six associations retenues sont plutôt de taille modeste, pour correspondre à celles qu’accompagnent les chargés de mission des dispositifs locaux d’accompagnement. Mais pour le reste, elles tentent d’illustrer la diversité du paysage associatif. Elles représentent divers territoires (Bretagne, Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté…), de nombreuses thématiques (handicap, petite enfance, personnes âgées…), sont locales ou nationales, gestionnaires d’établissements ou non… Certaines conditionnent l’accès à leurs services à une adhésion, d’autres n’ont pas d’adhérents… Enfin, elles ont été anonymisées « pour que chacun puisse s’y reconnaître sans se réfugier derrière une explication toute faite de sa situation, sur le mode “c’est normal, elle appartient à tel réseau”… », justifie Alexandre Ramolet, chargé de mission au CRDLA, qui regrette juste que le panel ne compte pas de centre social.
Le premier enseignement : l’adhésion demeure souvent un impensé. Par les associations elles-mêmes, mais aussi par les chargés de mission des DLA, qui n’intègrent pas ce questionnement à leur diagnostic, se limitant aux enjeux de modèles économiques, de rendements… Les associations ne définissent d’ailleurs pas ce terme de façon identique.
Pourtant, les enjeux s’avèrent capitaux. Bien peu en termes de ressources, au travers des cotisations : l’étude ne défend pas du tout une vision utilitariste des adhésions et Alexandre Ramolet indique que les statuts d’une association peuvent très bien décider que tout ou partie des adhésions sont gratuites. Les implications d’une adhésion sont d’une toute autre nature. Elle peut formaliser un engagement, permettre de tester des personnes, de les professionnaliser, avant qu’elles ne puissent occuper des postes au sein des instances dirigeantes. Car un autre intérêt d’une réflexion sur l’adhésion consiste à travailler la gouvernance des associations. Et donc le sens du projet associatif, la coopération avec les professionnels, le rôle de chacun… Mais aussi l’ancrage territorial, qu’il soit local ou national, en particulier en rendant visibles ses actions. Certaines institutions, comme la Caisse nationale des allocations familiales vont jusqu’à conditionner leurs subventions, pour l’une des associations retenues, au nombre d’adhérents bénéficiaires.
« Notre message, explique Alexandre Ramolet, c’est interrogez-vous, l’adhésion peut être un des bons supports de réflexion, autour du projet politique de l’association en particulier. »
L’an prochain, l’étude pourrait se voir prolongée d’une information plus pratique à destination des associations et des DLA sur cette question des adhésions. Reste aussi une question non abordée, pourtant cruciale pour les professionnels : celle des implications de l’adhésion des personnes morales, d’une association à une tête de réseau par exemple.