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Gens du voyage : une étude documente le lien entre précarité de l'habitat et santé

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Extrait du film de la Fnasat-Gens du voyage, réalisé par Anna Pitoun.

Crédit photo DR
Pour la première fois à cette échelle, une étude épidémiologique rend compte des conditions d’habitat des Voyageurs et des conséquences sur leur état de santé et leur accès aux soins. Menée en Nouvelle-Aquitaine par Santé publique France et l’ARS, en partenariat avec la Fnasat, elle révèle des écarts majeurs avec les données de la population générale.

Plusieurs acteurs ont souligné les déterminants environnementaux de la santé chez les voyageurs. En 2021, le juriste William Acker publiait Où sont les gens du voyage ? Inventaire critique des aires d’accueil (Ed. du commun). En 2022, la Fnasat (Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes), menait un travail de cartographie similaire. Mais c’est la première fois qu’une étude scientifique livre des données objectives sur les conditions de vie, l’état de santé et le recours aux soins des Gens du voyage.

De novembre 2019 à mars 2022, Santé publique France, en partenariat avec l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine, la Fnasat et des voyageurs, a mené une enquête participative auprès de plus de 1000 adultes et 300 enfants résidant en Gironde, en Creuse, en Charente et en Charente-Maritime.

Elle en publie aujourd’hui les résultats, confirmant l’importance des maladies chroniques au sein de cette population et leur lien avec l’habitat, déterminant majeur des inégalités sociales de santé.

Des conditions d’habitat très précaires

  • Parmi les ménages enquêtés, 52% vit dans un habitat inadéquat ou précaire, 30% en habitat précaire et illégal.
  • 22% n’ont pas d’accès à l’eau courante.
  • 23,6% ne sont pas raccordés à un compteur électrique.
  • 41% ne sont pas équipés de blocs sanitaires avec douche et WC.

Un environnement dégradé

  • 43% des ménages vivent à moins de 200 mètres d’un axe routier majeur (nationale ou autoroute) ou ferroviaire.
  • 23% vivent à proximité d’une zone commerciale (22,9%) ou de cultures agricoles (20,8%).
  • 9% sont situés à moins de 500 mètres d’une déchetterie, et 20% à moins de 200 mètres d’un site industriel.

Lire aussi : Gens du voyage : une politique d’accueil et d’habitat encore loin du compte

Un mauvais état de santé

  • 50% des adultes déclarent un état de santé moyen, mauvais ou très mauvais (contre 32% pour la population générale). « Ce résultat est similaire à celui des familles sans domicile fixe en France (46,4%) », précise l’étude, soulignant « le rôle clé du logement comme déterminant structurel de santé ».
  • La prévalence de l’obésité est plus importante qu’en population générale (37% contre 17%). Comme celle du diabète (15% contre 5%), de l’hypertension artérielle (25% contre 15%), d’un antécédent d’infarctus du myocarde (4% contre 1%), de l’asthme (18% contre3%) et des douleurs chroniques du dos (42% contre 13%).
  • 15% des adultes présentent un épisode dépressif majeur (contre moins de 10% en population générale).
  • Chez les enfants, la prévalence de l’obésité est beaucoup plus élevée qu’en population générale (18% contre 4%).

Un faible recours aux soins et à la prévention

  • 50% des adultes ont dû renoncer à un soin de santé dans l’année contre 25% en population générale. Les causes citées : manque de temps, existence d’autres sujets de préoccupation, problèmes de transport.
  • Seulement 50% des enfants de 24 mois sont protégés par la vaccination contre la rougeole-oreillon-rubéole (90% en population générale).

En conclusion, les auteurs de l’étude soulignent la nécessité « d’agir sur les déterminants structurels de leur santé, de lutter contre la discrimination et les refus de soins, et d’agir sur la localisation de leurs lieux de vie ». Ils recommandent de développer la médiation en santé, intervention que la Fnasat connaît bien puisqu’elle coordonne depuis 2017 le programme national de médiation en santé (PNMS).

Des arguments pour un plaidoyer

Pour la Fédération, plus que le constat, c’est l’ampleur des résultats qui interpelle : « C’est pire que ce je pensais, en particulier pour l’obésité infantile », déplore son président Laurent El Ghozi. Engagé depuis plus de 30 ans auprès des Voyageurs, cet ancien médecin estime avoir des arguments pour mener un plaidoyer plus efficace. « Plus personne ne peut s’en désintéresser, en particulier les pouvoirs publics. »

Après avoir diffusé un film restituant les résultats de cette étude, la Fnasat compte interpeler les ministères, les ARS et conseils départementaux pour les inciter à mieux prendre en compte l’environnement des aires d’accueil. Un plaidoyer qui a d’ores et déjà en partie porté ses fruits, selon Laurent El Ghozi. La Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), en particulier, vient d’intégrer des critères environnementaux dans le cahier des charges de propositions de nouvelles aires d’accueil.

 

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