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« Etat limite », un film sur l’état d'urgence de la psychiatrie à l’hôpital

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Chronique du docteur Jamal Abdel-Kader, psychiatre investi. 

Crédit photo DR
En salles à partir du 1er mai, le film de Nicolas Péduzzi « Etat limite » ausculte le quotidien de Jamal Abdel-Kader, seul psychiatre de liaison à l'hôpital Beaujon de Clichy, en région parisienne. Une course contre la montre pour éviter le naufrage.

Comment bien soigner dans une institution qui va mal ? A fortiori en psychiatrie, parent pauvre de la santé, rongé par le manque de moyens et les sous-effectifs chroniques. Pour y arriver, Jamal Abdel-Kader, unique psychiatre de l'hôpital Beaujon, au nord de  Paris, ne compte pas son temps. La caméra du réalisateur, Nicolas Peduzzi, l'a suivi pas à pas dans son rythme effréné au chevet de patients abîmés par la maladie grave, l'addiction, la vie… Et avec qui il prend le temps de parler, d'expliquer, d'orienter, de rire. Son film « Etat limite », qui sort mercredi 1er mai au cinéma, livre le témoignage fort d'un médecin humaniste aux prises avec un système de soins lui-même en souffrance.

Salle d'attente bondée, couloirs encombrés – parfois par la police qui amène un prévenu –, urgences surchargées, lits manquants… Baskets aux pieds, le jeune médecin de 34 ans monte et descend chaque jour les escaliers de l'hôpital, allant d'un service à un autre, d'un patient à un autre. Ici, un travailleur social bipolaire à bout ; là, une adolescente qui a fait sa énième tentative de suicide ; plus loin, un homme dépendant à l'alcool… Avec Jamal, seulement deux internes pour tout l'hôpital.

« Le premier soin, ce sont les autres »

D'origine syrienne, Jamal ne se destinait pas à être psychiatre mais chirurgien, comme son père. Puis il s'est dit qu'il pouvait peut-être avoir une fonction « plus politique, plus sociale », réparer l'esprit plutôt que le corps. A ses débuts, il voulait « désinguer la psy » : les théories, l'enfermement, l'excès de médications souvent, les étiquettes de fous qui collent à la peau... Aujourd'hui, il reconnaît qu'il y a « des choses pas mal »

Mais il l'affirme « Le premier soin, ce sont les autres. On est tous interdépendants, on s'oblige mutuellement. Je ne peux pas détourner le regard. » Sauf que l'homme, tout engagé qu'il soit, s'épuise. Impossible de répondre à toutes ses missions, sauf à passer 24 heures sur 24 à l'hôpital. Il faudrait quatre ou cinq psychiatres pour alléger les équipes.  « Est-ce qu'on ne se rend pas un peu complice du système en palliant les dysfonctionnements », s'interroge, perplexe, le psychiatre. Et d'ajouter en marge : « Ça va s'écrouler, reste à savoir quand. »

 

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