Après un léger recul de l’offre et de la consommation de drogues lié à la pandémie de Covid-19, la tendance repart à la hausse en 2021, selon un rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) publié ce mois-ci. L’analyse des eaux usées de 75 villes d’une vingtaine de pays dévoile en effet « une augmentation globale des détections » de cocaïne, de cannabis, amphétamines et méthamphétamines.
La numérisation du marché semble, par ailleurs, s’être accélérée depuis la crise sanitaire. Un phénomène qui pourrait être lié à une utilisation plus fréquente des réseaux sociaux et des services cryptés de messagerie « pour faciliter les achats de drogues ». En parallèle des comportements d’achat, les professionnels du secteur de l’addictologie auraient eux aussi adapté leur prise en charge en utilisant davantage les nouvelles technologies. Un « recours accru » aux plateformes en ligne et à la télémédecine est ainsi observé. « Une mise en garde importante néanmoins concerne la nécessité de continuer la recherche sur le bénéfice de ces approches, en particulier en ce qui concerne leur adéquation aux groupes marginalisés qui peuvent avoir du mal à accéder aux services numériques », soulignent les auteurs.
La « diversité » grandissante de drogues cause, en outre, de nouveaux défis d'adaptation à l’échelle européenne. L’an passé l’observatoire surveillait 880 nouvelles substances psychoactives, « dont 52 avaient été signalées pour la première fois en Europe ».
Davantage de consommation de crack
Le rapport s’inquiète tout particulièrement de la hausse des addictions au crack parmi les personnes vulnérables. Si elle reste encore « peu répandue », cette consommation est en effet observée dans un nombre croissant de pays et de villes européennes. « Les tendances à long terme indiquent qu’environ 7 000 patients ont entamé un traitement pour des problèmes de crack en Europe en 2020, soit le triple par rapport à 2016, ce qui suggère une consommation croissante. La Belgique, l’Irlande, l’Espagne, la France, l’Italie et le Portugal faisant tous état d’augmentations notables », met en exergue le rapport, rappelant que de nombreux problèmes sociaux, de santé mentale et physique sont associés à cette drogue.
Par ailleurs, si la consommation par voie intraveineuse diminue ces dernières années, cette pratique continue d’inquiéter l’agence européenne des drogues et des toxicomanies. « Il reste nécessaire de renforcer les services de prise en charge et de réduction des risques et des dommages », alerte-t-elle. Trop rares, en effet, sont les pays européens à avoir atteint les objectifs 2020 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) demandant de fournir 200 seringues par usager et par an et d'« avoir 40 % de la population des consommateurs problématiques d’opioïdes sous traitement par agonistes opioïde [thérapie contre la dépendance aux opioïdes] ».
Le nombre de personnes rencontrant des problèmes d’addiction à ces substances est estimé à 1 million en 2020, alors que la même année 514 000 patients bénéficiaient d’un traitement agoniste aux opioïdes. « Ce qui donne à penser que la couverture globale est d’environ 50 % », soulève l’observatoire, précisant que des disparités importantes sont identifiées selon les pays.
Just published: this year's European Drug Report.
— EU drugs agency (@EMCDDA) June 14, 2022
What do the latest data tell us about trends in illicit drug use and the market? What hazardous new drugs are emerging? What illicit substances are posing the greatest health threats?https://t.co/SH7njQzKpn@EUHomeAffairs pic.twitter.com/tEAypLD0yR