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Coupes budgétaires: le ras-le-bol généralisé

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De nombreuses associations et organisations des secteurs de la précarité, du handicap ou de la dépendance s'inquiètent du coup de rabot généralisé sur le budget 2024.

Au lendemain de l’annonce faite par Bercy, jeudi 22 février, de réaliser des économies substantielles, réactions des grandes organisations et fédérations des secteurs sociaux et médico-sociaux. L'heure est à l'inquiétude et à l'incompréhension, alors que le budget 2024 avait été voté avant Noël.

Un coup de massue supplémentaire pour les acteurs du social et du médico-social. Tous dénoncent les coupes budgétaires annoncées par décret, jeudi 22 février, dont un milliard d’euros sur le dos du handicap, de la dépendance, de l’inclusion, de la vie associative ou encore de la protection judiciaire de la jeunesse.

 

PRECARITE-INSERTION

« Nous demandons depuis le départ que la fin du « quoi qu’il en coute » ne touche pas les personnes en situation de pauvreté. Hélas, nous constatons que les coupes des budgets de la solidarité, du logement ou du travail sont assez importantes. Par exemple, sur le volet de l’emploi, la ligne du gouvernement est pourtant très claire avec la volonté d’atteindre le plein emploi via France Travail. Dans ce contexte, les coupes budgétaires de plusieurs centaines de millions d’euros se révèlent surprenantes. »

Nathalie Latour, directrice générale de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).

>>> Sur le même sujet  Restrictions budgétaires : « La ligne de l’exécutif est malheureusement de plus en plus explicite » (Nathalie Latour)

« Dans quelle condition va notamment s'opérer l'accompagnement des allocataires du RSA, dont la généralisation des 15 heures d'activité obligatoire par semaine à 47 départements vient d'être annoncée et doit s'appliquer immédiatement ? Il faudrait environ 1,25 million d'heures d'accompagnement par semaine pour que chacun des allocataires puissent remplir ces 15 heures obligatoires (1,8 M d'allocataires x 15 heures par semaine sur 47 départements sur les 101 existants), à raison d'un encadrant pour 10 allocataires. Comment ces heures, indépendamment même de leur contenu et de leur caractère obligatoire, vont-elles être mises en place ? Comment va-t-on embaucher des professionnels pour les réaliser ? Comment vont s'opérer les sanctions annoncées si les accompagnements dédiés n'existent pas ou peu ?»

Uniopss (Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux)

 

« Les annulations de crédits en cascade auront des répercussions sur les publics pris en charge », atteste l’Unccas (Union nationale des centres communaux d’action sociale) sur son site. « Les besoins essentiels d'une part croissante de la population deviennent de plus en plus difficiles à satisfaire, comme le montrent les dernières études des associations caritatives et du Conseil national de lutte contre l'exclusion (CNLE), ainsi que les réalités vécues par les bénéficiaires », rappelle-t-elle, dénonçant également des annonces gouvernementales « faites à travers un décret arbitraire et sans débat parlementaire ».

Centres communaux d’action sociale (CCAS)

 

HANDICAP ET DEPENDANCE

« Ce type d’annonces est très inquiétant. Des coupes budgétaires, alors que la loi de finances 2024 était déjà largement insuffisante pour couvrir les besoins du secteur, ce n’est pas fait pour nous rassurer. Nous réclamons, par exemple, la reconduction du fonds d’accompagnement de la transformation des ESAT. Ce dernier a été supprimé. Compte tenu, par ailleurs, d’une conjoncture économique très marquée par l’inflation, toute diminution budgétaire ne peut s’entendre. Sans parler des rattrapages sur le plan de la revalorisation salariale (Ségur) que nous attendons toujours… Est-ce que c’est encore les plus vulnérables qui vont servir de variables d’ajustement budgétaire ? »

Luc Gateau, président de l’Unapei.

 

« Pas de pitié pour les fragiles et surtout pas de pitié pour la société ! Pour APF France handicap, ce ne sont pas des économies qui nous sont proposées mais des saignées. Des saignées qui touchent le handicap de plein fouet mais plus globalement les plus fragiles, les exclus, les solidarités, l'accès à l'emploi et à la santé, les liens (vie associative et jeunesse, logement, politique de la ville) ces liens qui tissent une société que nous sentons se détricoter entre nos doigts. Comment faire société dans ces conditions ? Après la suppression de l’ASS, ce sont maintenant 200 millions en moins pour le handicap et la dépendance : le projet du gouvernement est-il d'accroître l'exclusion dont sont victimes les personnes en situation de handicap et leurs familles ?»

APF France handicap

 

« On a rencontré hier Fadila Khattabi. Elle nous a expliqué que ces 230 millions ne sont pas une coupe budgétaire, sinon une somme reprise sur des moyens qui n’ont pas été dépensés. Pourquoi ils n’ont pas été dépensés, ça je ne sais pas. Quand vous regardez aujourd’hui la dotation qualité à 3 euros (ndlr : certains services d’aide et d’accompagnement à domicile bénéficient depuis septembre 2022 d’une dotation complémentaire en contrepartie d’actions améliorant la qualité du service rendu à l’usager), si on voulait la rendre plus efficiente, il y aurait bien des choses à faire. Alors qu’aujourd’hui, on demande des fonds d’urgence à hauteur de 100 millions d’euros, au niveau de l’aide à domicile et des Ehpad - autant vous dire que c’est largement insuffisant - l’argent est là et on ne le dépense pas…. Nous sommes dans une situation complètement ubuesque. »

Jérôme Perrin, directeur du développement et de la qualité UN ADMR (réseau associatif national de service à la personne).

 

« Lors de la rencontre des acteurs du Grand âge avec F. Khattabi, il a été répondu que ces coupes budgétaires concernaient essentiellement la déconjugalisation de l'AAH dont les besoins auraient été surestimés par rapport à la demande. Le ministère se veut rassurant sur le fait qu’il n’y aura pas d’impact sur les politiques publiques dans la mesure où est donc anticipée une moindre consommation des fonds. Néanmoins, nous restons vigilants si le nombre de bénéficiaires venait à augmenter.

Par ailleurs, des arbitrages financiers sont attendus, notamment pour la mise en œuvre des décisions de la dernière Conférence nationale du handicap d'avril 2023. L'exemple du montant du remboursement des fauteuil, correspondant aux annonces du Président de la République est assez éclairant (la pétition soutenue par l'Uniopss a recueilli plusieurs dizaines de milliers de signatures). Il en va de même pour le déploiement de Ma Prime Adapt ou de l’accompagnement des élèves alors que les postes d'AESH sont insuffisants. Concernant le Grand âge, alors que de nombreux établissements et services sont au bord de la rupture financière, que les promesses d'embauches de 50 000 personnes dans les Ehpad ont été faites ( 6 000 dans le PLFSS 2024), que les prémices d'une réforme structurelle du Grand âge sont attendues, où seront prises ces économies ?»

Uniopss (Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux)

 

>>> Lire aussi : Plan d'économies : l'action sociale et médico-sociale au régime sec

 

 

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