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Suicide de Yanis : la Ciivise exhorte à une réforme urgente de la loi

Yanis, adolescent de 17 ans, s'est suicidé le 30 mars, laissant un courrier qui mettait en avant "la remise en liberté" de son agresseur, un voisin qui l'avait agressé sexuellement à partir de ses douze ans et revenu habiter à 3 km de son domicile.

Crédit photo Photo illustration @Adobe stock
Yanis, 17 ans, s'est donné la mort le 30 mars 2025, en Haute-Savoie, après la libération de son agresseur revenu vivre à 3 km de son domicile. Un drame qui révèle pour la Ciivise les défaillances criantes de la justice française dans l’accompagnement des enfants victimes de violences sexuelles.

« Le suicide de Yanis est un drame qui signe l’échec d’un système à protéger les victimes de violences sexuelles », dénonce la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) dans un communiqué publié ce vendredi 18 avril 2025. Et d’ajouter : « Les processus d’information ne sont pas des "à côté" du parcours judiciaire, mais en font pleinement partie »

Un mois plus tôt, le 16 février, Yanis apprenait la libération de son agresseur. L’homme qui l’avait violé en août 2019, alors qu’il n’avait que 12 ans. L’adolescent n’a pas été prévenu de sa remise en liberté. Ses parents en sont convaincus : « la justice l’a abandonné. Son traumatisme a été ignoré », ont-ils confiés à nos confrères du Parisien.

Un acte qui résonne comme un cri de détresse étouffé par les silences institutionnels. Pour la Ciivise, cette tragédie est le symptôme d’un cumul mortifère de carences législatives, « de failles judiciaires et d’un accompagnement psychologique insuffisant ».

>>> A lire aussi : "Le déni collectif reste très puissant" (Ciivise)

Informer les victimes 

Depuis novembre 2023, la Ciivise alerte : l’information des victimes lors de la libération de leur agresseur doit être obligatoire et systématique, comme cela se fait déjà pour les violences conjugales. Aujourd’hui, cette information dépend d’une demande préalable de la victime ou de son avocat. Autrement dit, c’est à la personne traumatisée de se battre pour être informée de décisions qui la concernent directement.

« Il faut inverser le processus et unifier les pratiques dans toutes les juridictions », insiste la commission. Elle appelle ainsi à une modification de la loi, pour garantir aux victimes de violences sexuelles une information claire et automatique sur la remise en liberté de leurs agresseurs.

>>> Pour compléter : Arnaud Gallais : "Aujourd’hui, c’est l’impunité totale"

Défaillance judiciaire

Chaque année en France, selon les estimations de la CIIVISE, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles. Parmi eux, une part importante subit non seulement les violences initiales, mais aussi la revictimisation par un système judiciaire mal adapté à leur protection et à leur reconstruction.

Ce traumatisme s’inscrit dans la durée. En 2023, un rapport d’étape de la Ciivise soulignait que plus de 80 % des adultes ayant subi des violences sexuelles dans leur enfance souffraient de séquelles psychologiques lourdes, souvent non prises en charge.

Pourtant, les moyens alloués restent largement insuffisants. Si le gouvernement a récemment promis un accès aux soins spécialisés en psychotrauma, la ciivise insiste : « Il faut un calendrier, des objectifs chiffrés et des moyens dédiés ». Sans quoi, les annonces resteront de l’ordre de la déclaration d’intention.

« L’accompagnement des personnes victimes est un objectif de santé publique autant que de justice », conclut la Ciivise rappelant qu’« elle est et sera toujours aux côtés des victimes pour se battre pour leurs droits ».

>>> A lire aussi : Le Petit Chaperon rouge, "métaphore de la prédation sexuelle"

 

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