Recevoir la newsletter

Ciivise 2 : « Cela me paraissait sidérant de rester à ce poste quand on est visé par ces accusations d’une gravité absolue »

Article réservé aux abonnés

Arnaud Gallais, ex membre de la Ciivise, co fondateur de l’association Mouv’enfants

Crédit photo DR
Après une plainte déposée le 6 février pour violences gynécologiques et agression sexuelle de la part d’une ancienne victime d’inceste, Caroline Rey-Salmon, vice-présidente de la Ciivise 2, a annoncé son retrait de l’instance. Pour Arnaud Gallais, le co-fondateur de l’association Mouv’enfants, ce retrait est une « victoire ». Mais le militant des droits de l'enfant a peu apprécié le soutien de Sébastien Boueilh à sa vice-présidente : « Il a tué la Ciivise ». 

A l’initiative de la pétition lancée le 6 février par l’association Mouv’enfants (Mouvement de lutte contre toutes les formes de violence faites aux enfants), dont il est le fondateur, Arnaud Gallais, ex-membre de la Ciivise 1 (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), réagit aux accusations qui pèsent sur la pédiatre-médecin légiste, vice-présidente de la Ciivise 2.

ASH : Caroline Rey-Salmon vient d’annoncer sa mise en retrait, qu’en pensez-vous ?

Arnaud Gallais : Au moment de sa décision, la pétition rassemblait déjà plus de 2 000 signatures en moins d’une journée, dont l’ensemble des membres démissionnaires de la Civiise 1. En installant une pression, la mobilisation a porté ses fruits : je considère que nous avons remporté une victoire.

Quand avez-vous décidé de lancer la pétition pour exiger ce retrait ?

Je suis Louison* sur Instagram, comme beaucoup de victimes d’incestes. Dès que j’ai découvert son post, où elle décrivait ce qu’elle avait suivi, j’ai souhaité réagir. Me trouvant en ce moment, comme elle, à Marseille, j’ai voulu la rencontrer pour mener une action en concertation avec elle. Dès qu’elle m’a donné son accord, j’ai lancé la pétition.

Pourquoi cette initiative vous a-t-elle semblé nécessaire ?

Déjà informé par les réseaux, j’ai pu avoir accès à la plainte. Les faits qui y sont décrits sont totalement atroces. Ça me paraissait sidérant de rester à ce poste quand on est visé par ces accusations d’une gravité absolue. Ne serait-ce que par application la plus élémentaire du principe de précaution. Cela vient insécuriser une instance et des victimes qu’on est justement censés protéger. Nous avons préféré exiger la mise en retrait plutôt que la démission, car nous voulions que le président Sébastien Boueilh, ou à défaut la ministre (du Travail, de la Santé et des Solidarités) Catherine Vautrin prennent leurs responsabilités.

Lire aussi: Ciivise 2: Caroline Rey-Salmo accusée d'agressions sexuelles

La réaction de Sébastien Boueilh a donc dû vous heurter ?

J’ai trouvé les propos qu’il a tenus dans Quotidien (émission quotidienne sur TMC, ndrl) inacceptables. Le fait qu’il prenne position ouvertement pour Caroline Rey-Salmon sans un mot pour la victime, en évoquant la présomption d’innocence mais pas le principe de précaution, en allant jusqu’à espérer qu’elle allait porter plainte, est honteux et extrêmement grave. Comment peut-on aller à l’encontre de la doctrine fondatrice de la commission : « Je te crois ? » Alors que nous nous battons depuis trois ans pour libérer et légitimer la parole des victimes, sa réaction est une insulte aux personnes qui ont eu le courage d’élaborer les 30 000 témoignages. Il a tué la Ciivise.

Certains détracteurs prétendent que c’est une façon détournée d’attaquer les nouveaux membres ?

Certains ont tenté de réduire les désaccords à une querelle de clochers. En mettant en place une nouvelle Ciivise, on a essayé de dépolitiser cette instance en en faisant une commission purement technique. On a aussi confondu le rôle d’une commission, qui est chargée d’effectuer un état des lieux et des recommandations, et non pas de prendre la place de l’Etat en les mettant en œuvre. Mais la Ciivise ne peut pas être un organe de mise en application. L’inceste est un sujet sociétal et politique, où il s’agit de prendre parti. D’ailleurs, lorsqu’une victime témoigne, elle dit en même temps : « Je veux que ça change ». Il s’agit donc bien d’une parole politique.

>>> Nouveau rebondissement : Sébastien Boueilh démissionne de la Ciivise

Protection de l'enfance

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur