Lily, 15 ans, morte à l’ASE en 2024 ; Denko, 17 ans, mort à l’ASE en 2017 ; Lisa, 3 ans, morte à l’ASE en 2024. Mais aussi Méline, Antony, Nour, Amine… Placardés noir sur blanc, ces noms d’enfants seront brandis parmi d’autres par les manifestants, égrenant silencieusement la grandissante litanie de mineurs décédés malgré leur prise en charge par la protection de l’enfance.
La voix de ceux qui sont passés par là
« Une marée de pancartes » espère Lyes Louffok, militant et chef de file du comité de vigilance. Prévue en tête de regroupement, une banderole de 10 mètres. « Enfants placés d’hier et d’aujourd’hui, justice et réparation », résume le motif du rassemblement qui se tient le 7 mai à 18 heures, place Jacques-Bainville, dans le VIIe arrondissement de Paris : « Rendre hommage à la mémoire des enfants ». Mais aussi « rappeler qu’il est impératif de prendre en considération la voix des principaux concernés pour entreprendre les réformes profondes et nécessaires de l’ASE ».
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Au départ 80, ils sont désormais plus de 200 à peine cinq semaines plus tard. Sans compter les 80 professionnels alliés venus rejoindre leur combat. Initié avec le soutien des Oubliés de la République, association destinée à faire entendre la voix des personnes du champ social accompagnées, le comité de vigilance regroupant d’anciens enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance ne cesse de croître. Une amplification de bon augure pour ceux qui se sont justement regroupés avec la ferme intention de peser dans les travaux de la commission d’enquête parlementaire chargée de diagnostiquer les défaillances de la protection de l’enfance.
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Trois générations seront présentes
Moins d’une semaine après la réunion constitutive du 30 avril de l'organe parlementaire, les anciens enfants placés tiennent donc parole. Et viennent de toutes les régions de France pour se réunir. « De Lille à Marseille en passant par Nantes, et confiés à l’assistance publique, la DASS, ou l’ASE, trois générations d’enfants placés seront représentées », confie Lyes Louffok.
Parmi de multiples interventions, plusieurs concernés ont prévu de prendre la parole, pour témoigner ou annoncer leurs revendications au sujet de différentes thématiques telles que les MNA (mineurs non accompagnés), les jeunes majeurs, les violences institutionnelles, la séparation des fratries. Introduit par un slam sur les victimes, un temps de recueillement est aussi prévu pour leur rendre hommage.
Bien décidés à ne pas être l’éternel « troisième acteur oublié », les membres comptent intervenir en tant qu’experts, au-delà de leur rôle de témoins. Et ce en participant activement aux travaux de la commission, et en lui transmettant dans un premier temps leur propre liste des personnes auditionnées. « Nous serons là à chaque étape pour surveiller et éviter qu’on se cantonne à un énième débat sur le manque de moyens, en passant à côté du véritable sujet », avait insisté Ayda Hadizadeh, chargée de coordonner l’action du comité, le 19 mars dernier. Les voici.
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