Actualités sociales hebdomadaires - Quel est l'objectif du livre vert sur le travail social que vous élaborez ?
Mathieu Klein : Il a pour but de mettre au cœur du débat public la question du travail social. Souvent les travailleurs sociaux se situent dans l'angle mort. Cette invisibilité est un problème majeur. Les métiers attirent moins alors même que la demande sociale est de plus en plus forte, que les enjeux de précarité, de vieillissement de la population, de prise en charge du handicap, de protection de l'enfance ou d'insertion des personnes éloignées de l'emploi s'avèrent de plus en plus importants. Il est donc nécessaire que les professionnels soient davantage reconnus et plus nombreux à exercer en France.
Ce livre vert mettra plusieurs sujets sur la table : la question des enjeux du travail social dans le débat démocratique à venir, la revalorisation des métiers pour les 1,2 million de travailleurs sociaux et les difficultés de recrutement du secteur social et médico-social. Il sera remis à Olivier Véran à l'occasion de la journée mondiale du travail social, le 15 mars 2022. En période d'élection présidentielle, ce document dressera un état des lieux complets du secteur pour éclairer l’ensemble des candidats sur l’urgence de la situation.
De nombreux rapports (El Khomri, Laforcade, etc.) existent déjà. Qu’allez-vous préconiser de plus ?
Il ne s'agit pas d'écrire un nouveau rapport. Le livre vert est un travail collectif et collaboratif de l'ensemble des acteurs du HCTS. Pour l'alimenter, les conseils consultatifs ou les autorités du champ des solidarités (le CNLE, Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le CNAOP, Conseil national pour l’accès aux origines personnelle, etc.) ont été sollicités . Nous allons nous appuyer sur la production existante et sur l'ensemble des acteurs du secteur : aussi bien les professionnels de l'aide à la personne, de la lutte contre les exclusions que ceux de la protection de l'enfance ou du handicap.
Nous devons saisir l'opportunité de cette journée mondiale du 15 mars pour mettre en lumière, donner des perspectives et du sens à la reconnaissance du travail social dans notre pays. Ce sont des métiers divers, qui ont montré pendant la crise leur caractère indispensable. Si de nombreux rapports existent déjà, ici l’objectif est d’avoir une approche globale, de traiter toutes les facettes du travail social. A l'issue de l'élection présidentielle et des élections législatives, je proposerais que ce livre vert devienne un livre blanc. Après avoir posé le diagnostic et les principales orientations, nous pourrions livrer au nouveau gouvernement un certain nombre de propositions à engager dans le prochain quinquennat.
A quelles pistes d'action travaillez-vous ?
Ce n'est pas encore le temps de les rendre publiques. Mais en tant qu'ancien élu départemental, je peux témoigner que la question de l'attractivité des métiers du travail social est primordiale. Le grand public n'a pas assez connaissance de leur diversité. Il y a urgence à ce qu'il soit connus et reconnus. De nombreux acteurs parlent du risque d'effondrement de leur secteur en raison de la chute importante du nombre de candidats aux postes ouverts. La sonnette d'alarme est tirée partout et il faut y répondre. Mais il y aura beaucoup de propositions concrètes parce que, d'ores et déjà, beaucoup d'acteurs se sont emparés de cette perspective. Il y a une belle mobilisation et un bel engagement autour de ces enjeux.
