Au sein de notre groupe, qui compte une cinquantaine d’établissements et 3 000 collaborateurs en France, la validation des acquis de l’expérience constitue de longue date une modalité de qualification pour des salariés souhaitant monter en compétences, notamment pour des aides à la personne ou des auxiliaires médicaux souhaitant évoluer vers des emplois d’aides-soignants. Etre aide-soignant en établissement d’hébergement pour pesonnes âgées dépendantes (Ehpad) est un métier peu attractif qui rencontre de fortes pénuries de main-d’œuvre. Même dans les centres de formation, les Ehpad sont rarement les premiers choix des nouveaux diplômés. Dans ces conditions, la validation des acquis de l’expérience est un outil précieux qui nous permet de qualifier près de 50 salariés chaque année.
Le programme « Ehpad Académie »
Lorsqu’à l’été 2023, la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) a lancé son appel à projets pour tester la « VAE inversée » dans les secteurs peinant à recruter, parmi lesquels le médico-social avait été identifié, nous y avons immédiatement répondu et mis au point un programme d’apprentissage pour une cinquantaine de personnes, baptisé « Ehpad Académie ». Ce qui est intéressant dans cette expérimentation qui doit s’achever en 2026, c’est qu’elle propose à des candidats de se former en situation de travail. Au vu de la sociologie du secteur, beaucoup sont rebutés à l’idée de « retourner à l’école ». Mettre en place une formation de terrain est un moyen d’améliorer la rétention de ces stagiaires qui peuvent aussi bien, dans le cadre de l’expérimentation, être des salariés en contrat à durée indéterminée que des demandeurs d’emploi attirés par nos métiers.
Ne pas brader les qualifications
La validation des acquis de l’expérience représente un bon dispositif de qualification, particulièrement pour des métiers fortement réglementés. C’est pourquoi nous avons développé un accompagnement pour les candidats afin de les aider à aller au bout de la démarche. Malgré la simplification de la VAE en 2016 (qui ne requiert désormais plus qu’une année d’expérience avant d’entrer dans un circuit VAE, et non plus trois ans), cela reste un processus lourd, nécessitant la rédaction d’un mémoire et sa soutenance devant un jury. Environ 30 % des candidats abandonnent avant terme tant ce mode de qualification est complexe et chronophage.
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Notre groupe Emera a créé un système de tutorat et différents outils pour aider nos candidats à aller jusqu’au bout. La modularisation des diplômes et la possibilité d’en passer certains « bloc de compétences par bloc de compétences » constitue un moyen intéressant d’établir des passerelles entre nos différents métiers. Surtout dans un secteur comme le nôtre où les employeurs rencontrent de tels besoins de personnels qu’ils recrutent parfois sans diplôme sur des postes de « faisant office ». Dans cette situation, la validation des acquis de l’expérience peut retrouver une dimension qualifiante intéressante. A condition qu’elle ne diminue pas au passage le niveau des diplômes. Et là, c’est à nous, employeurs, jurys et centres de formation, d’être vigilants à ne pas brader les qualifications.
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