D’abord, il y a eu une première inégalité, née de la revalorisation de seulement certains professionnels au travers du Ségur de la santé. Désormais, les trois principaux employeurs du secteur social et médico-social privé à but non lucratif redoutent l’apparition d’une seconde, issue cette fois de la mission « Laforcade », pourtant supposée rectifier le tir du Ségur de la santé.
En effet, lors de la troisième réunion de négociation avec cette mission tenue le 3 février dernier, les acteurs du secteur se sont vu signifier que, pour l’heure, une revalorisation des professionnels du secteur public du handicap dans leur ensemble serait accordée. Mais au sein de leur champ d’intervention, seuls quelques soignants le seraient, et dans le seul secteur du handicap.
Or leur demande est tout autre. Dans une conférence de presse commune, le 8 février, la Fehap (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs), la Croix rouge française et Nexem ont rappelé leurs revendications : une revalorisation de tous les professionnels, soignants ou non, et de tous les secteurs (pas seulement le handicap, mais aussi la protection de l’enfance, ou l’insertion.
Insuffisante marge de manœuvre
En prenant la parole alors qu’aucune autre date de négociation n’a été annoncée, les employeurs du secteur ont voulu, a indiqué la présidente de la Fehap Marie-Sophie Desaulle, interpeler le gouvernement dans son ensemble plus que mettre en cause Michel Laforcade. Elle a estimé qu’il n’avait pas la marge de manœuvre suffisante pour négocier sur l’ensemble des points qu’ils voudraient voir abordés.
Selon les estimations des employeurs concernés, seuls 200 000 salariés ont été revalorisés au travers du Ségur de la santé. Il en reste autour de 600 000, pour un coût total de 1,9 milliard d’euros. Pour l’heure, les propositions faites d’augmenter seulement certaines catégories de personnels (les soignants principalement) concernent 57 000 personnes.
Autant dire que les employeurs du secteur privé non lucratif estiment être loin du compte. Ils disent déjà ressentir les effets de ces inégalités de traitement et dans les revalorisations lors de leurs recrutements. Et, au-delà du manque d’attractivité, ils s’interrogent sur leur capacité à innover et à transformer l’offre de services dans un tel contexte de pénurie de main-d’œuvre.