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Réemploi solidaire : les acteurs du secteur laissés-pour-compte

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Recyclerie

Photo d'illustration

Crédit photo anies - stock.adobe.com
Alors que la fragilité financière de nombreuses familles augmente à la suite de la crise sanitaire et que le secteur du réemploi solidaire est lourdement fragilisé, le refus de création par l’Ademe d’un fonds dédié de 10 millions laisse les acteurs dans l’incompréhension.

Inquiétude et sidération…. Tels sont les sentiments partagés par de nombreux acteurs du réemploi solidaire à la suite du refus de création d’une aide d’urgence dédiée au secteur. Alors que l’Agence de la transition écologique (Ademe) proposait de débloquer 10 millions d’euros sur des crédits non consommés à mi-année pour venir en aide aux structures que la crise sanitaire a lourdement impactées, la direction du budget du ministère de l’Economie et des Finances a retiré le sujet de l’ordre du jour, lors du conseil d’administration de l’Ademe.

« C’est incompréhensible que 10 millions d’euros ne soient pas mobilisés, surtout qu’il ne s’agissait pas d’argent nouveau », déclare Martin Bobel, vice-président du réseau des ressourceries. « La perte globale pour les ressourceries, les recycleries et les structures Emmaüs pour les deux mois de confinement s’élève à 50 millions d’euros. Le montant du fonds de l’Ademe est donc correctement dimensionné au regard de la perte et des enjeux de reprise », ajoute-t-il. Et la raison invoquée pour refuser le dispositif renforce l’incompréhension : l’économie sociale et solidaire bénéficie déjà d’un fonds d’urgence dédié de 10 millions, qui intègre les structures du réemploi solidaire.

Or ce fonds se compose d’un tour de table privé et public, et 1,5 million d’euros vient de l’Etat. De plus, il s’adresse aux établissements de moins de trois salariés alors que les recycleries en comptent en moyenne 21. Face à la crise, sans source de revenus du fait du blocage des ventes, les structures ont pris sur leurs fonds propres et, pour certaines, la fermeture est envisagée. « Nos activités s’inscrivent dans la loi de février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, et on donne 20 milliards aux industries automobile et aéronautique. Il y a une réelle dissonance entre les paroles et les actes », signale Martin Bobel. Pour Emmaüs, le choc est similaire. « Nous sommes sans nouvelles de l’Ademe, alors que son président était favorable à la création de ce fonds. Peut-être a-t-il lui aussi été surpris… Quoi qu’il en soit, il y a urgence et le rendez-vous est pris avec le cabinet du ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérard Darmanin », annonce Valérie Fayard, directrice adjointe d’Emmaüs France.

Un désastre économique

Contrairement à ses 4 000 salariés, les 5 000 compagnons » que compte Emmaüs ne bénéficient pas de chômage partiel. « Certaines charges ont été reportées, mais pas annulées. Si nous ne sommes soutenus par aucune aide supplémentaire, des milliers de personnes, qui sont déjà parmi les plus précaires, se retrouveront au chômage, voire à la rue », explique la directrice adjointe. Anticiper la période à venir pour les consommateurs des structures fait aussi partie des préoccupations. « Non seulement nous avons plein de collectes à traiter car les gens ont trié pendant le confinement, mais des millions de personnes vont avoir besoin de nous à la suite de la crise », conclut-elle. A l’heure où nous écrivons ces lignes, un amendement porté à l’Assemblée nationale par le groupe socialiste et apparentés dans le cadre du troisième projet de loi de finances rectificative (PLFR3) pour 2020 préconise la création, par la loi, d’un fonds d’urgence doté de 10 millions d’euros en direction des ressourceries et des recycleries. L’Ademe et le ministère de l’Economie et des Finances n’ont, quant à eux, pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

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