L'association ATD Quart monde salue ainsi les "avancées concrètes" de ce texte qui "mobilise de nombreux ministères et les partenaires sociaux", en évoquant le relèvement du plafond de la CMU-C, l'augmentation du RSA "socle" ou encore l'étude confiée à l'IGAS sur l'évolution des procédures de suspension de droits ou remboursement de trop-perçu.
Elle note aussi "avec une grande satisfaction" les efforts en faveur des familles pauvres, qui se traduisent notamment pas un accès plus facile aux crèches. Mais pour ATD, plusieurs points méritent cependant une attention soutenue, malgré la "volonté forte de rompre avec la stigmatisation vécue par les personnes subissant la précarité et de lutter contre le non-recours aux droits", en raison du flou qui persiste sur "les moyens mis en place pour une véritable efficacité de ces avancées".
Quels moyens ?
C'est en particulier le cas pour la participation des personnes en situation de pauvreté à l'élaboration des politiques qui les concernent, domaine dans lequel ATD Quart monde a développé une expertise qui lui permet aujourd'hui de faire preuve de prudence. "Il faut se garder d'une généralisation hâtive et évaluer les dispositifs de participation en place", déclare en effet l'association dans un communiqué, "pour que la participation ne serve pas à illustrer le propos des penseurs, mais bien à co-construire des propositions".
Le Secours catholique, par ailleurs, "émet des réserves sur les moyens alloués" à ce plan, car si les "tous les sujets importants ont été pris en compte", salue cependant l'association, force est de constater "le manque de moyens financiers pour mener ces réformes, notamment en matière de logement ou en ce qui concerne les minima sociaux", la revalorisation de 10 % du RSA "socle" sur cinq ans se soldant par "moins de 10 euros par mois, ce qui ne changera pas grand-chose au quotidien des plus pauvres".
Pour une vraie baisse des loyers
"Les miettes, c'est pour les pigeons", s'insurge pour sa part Droit au logement, qui comptait faire part de son jugement, mardi après-midi, à la ministre déléguée chargée de la lutte contre l'exclusion, Marie-Arlette Carlotti, qui devait recevoir une délégation de représentants des chômeurs et précaires comprenant le DAL, AC !, l'APEIS et le MNCP, à la suite d'une manifestation de leurs militants, la veille, dans les locaux du ministère.
En attendant, Droit au logement a exprimé, dans un communiqué, de sérieux doutes sur la capacité du gouvernement à atteindre l'objectif, réaffirmé, de 150 000 logements sociaux construits par an, avec une proportion de logements très sociaux (PLAI) qui risque d'être limitée à "moins de 50 000 vraisemblablement", et alors que certains programmes sont en fait des reconstructions de logements HLM détruits, dans le cadre de la rénovation urbaine.
Quant à l'annonce de la création d'une garantie des risques locatifs, elle "soulève de lourdes interrogations", pour l'association militante, telles que "faut-il garantir aux bailleurs le paiement de loyers chers, leur assurant ainsi le versement d'une rente aussi injuste qu'insupportable pour les locataires ?" Et le DAL de réclamer "une véritable baisse des loyers, et le renforcement des allocations logement, afin de plafonner à 20 % la part des revenus de chaque ménage modeste consacrée au loyer".
Des miettes pour les personnes handicapées
Les 5 000 places d'hébergement prévues sont aussi "très largement en dessous des besoins", et ne permettront donc pas à l'Etat de respecter ses obligations en la matière. Idem pour le droit au logement opposable (DALO, qui "n'est apparemment pas à l'ordre du jour", regrette le DAL, pas plus que "la mobilisation massive des logements vacants publics ou HLM, ou la réquisition des logements vacants privés de riches propriétaires".
Du côté des personnes handicapées, enfin, l'Association des paralysés de France (APF) a exprimé "sa colère et sa déception" au vu de ce plan anti-pauvreté dont "les personnes en situation de handicap semblent n'avoir que les miettes !"
"Aucune mesure concrète et directe" ne vient en effet répondre aux besoins des quelque deux millions de personnes handicapées vivant sous le seuil de pauvreté, regrette encore l'APF, qui juge que les quelques "mesurettes" proposées "ne sauraient constituer une réponse durable et efficace aux situations de précarité vécues quotidiennement".
Des regrets que l'APF va porter, le 4 février prochain, à Matignon, ayant enfin obtenu d'être reçue par le cabinet du Premier ministre, souligne l'association, qui "attend beaucoup de cette rencontre".
A.S.