L’appétence pour les métiers du sanitaire, social et médico-social tend à décroître. C’est ce que prouve la baisse, quasi constante, du nombre d'étudiants dans les cycles de formation menant à ces professions comme l’observe la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistique) dans une étude publiée le 26 novembre. Si, en 2023, on comptait 57 300 inscrits dans près de 1 100 formations aux métiers du social recensées, la réduction des effectifs est constante depuis 2010 en dépit d’un léger regain en 2021 (+ 3,1 % d’inscrits), au lendemain de la crise Covid.
Au total, ce sont 14,5 % des élèves qui ont déserté les instituts de formation entre 2010 et 2023. Principales carrières affectées : celles de technicien de l’intervention sociale et familiale (TISF), dont les effectifs ont décru de 8,8 % sur treize ans et de moniteur-éducateur (- 4,8 %). Une baisse qui n’est pas compensée par l’augmentation du nombre d’étudiants dans d’autres cursus comme celui de directeur d’établissement social (+ 14,9 %), d’assistant familial (+ 4 %) ou d’éducateur spécialisé (+ 3,1 %).
Abandons dès la première année de formation
Cette baisse des effectifs se traduit par deux vecteurs. Primo, une réduction de 11,2 % du nombre d’inscrits en première année de cycle de formation tous cursus confondus entre 2010 et 2022, avec des pics plus sensibles pour les formations d’éducateur de jeunes enfants (- 7,1 %), d’accompagnant éducatif et social (- 6,6 %) ou de moniteur-éducateur (- 8,6 %). Seul contre-exemple observé : le nombre des inscriptions en première année dans les formations au métier d’assistant familial qui grimpe de 36,9 %, « porté par la région Hauts-de-France dans un contexte de fort besoin de recrutement des conseils départementaux de la région », note la Drees, mais sans pour autant inverser la tendance nationale.
Secundo, une croissance continue du nombre d’abandons dès la première année de formation, dont le taux a grimpé de 3,7 % à 9 % en treize ans. En 2023, 7,8 % des étudiants ayant choisi de suivre un cursus de conseiller en économie sociale et familiale raccrochaient les gants dès la première année. Ils étaient 9,3 % chez les futurs assistants de service social, 10,7 % pour les éducateurs de jeunes enfants et 11,4 % chez les éducateurs techniques spécialisés.
Dans ce schéma à la baisse, seuls les cycles de formation menant à des fonctions d’encadrement de niveau 6 (Bac +3) ou 7 (Bac +4 et au-delà) connaissent une baisse sensible de ces départs en cours de route. Ainsi, si 7,5 % des prétendants à un certificat d’aptitude à la fonction de directeur d’établissement social abandonnaient dès la première année en 2011, ils n’étaient plus que 3,7 % en 2023. Même scénario pour les candidats au certificat d'aptitude aux fonctions d'encadrement et de responsable d'unité d'intervention sociale (Caferuis) où le taux d’abandon est resté à la fois bas et stable entre 2011 et 2023 (de 1,7 % à 1,8 %) malgré quelques années noires en 2016 (5,5 % d’abandon), 2019 (3,3 %) et 2021 (4,1 %).
VAE : des résultats encourageants
Si 15,3 % des inscrits en première année sont des néo-bacheliers, on les retrouve surtout dans les formations d’éducateur technique spécialisé (35,1 % de l’effectif), d’éducateur spécialisé (36,1 %), d’assistant social (41,1 %), et d’éducateur de jeunes enfants (47,1 %). Du côté de la reconversion professionnelle, en revanche, l’ouverture en 2022 du champ des formations sanitaires, sociales et médico-sociales au dispositif de VAE simplifiée semble porter ses premiers fruits puisque le nombre de diplômés par ce biais a grimpé tout au long de l’année 2023. On comptait ainsi 250 validations complètes de diplômes de TISF, 999 pour les moniteurs-éducateurs, 1 884 pour les éducateurs spécialisés, 686 pour les éducateurs de jeunes enfants, 196 pour les assistants de services sociaux, 45 pour les médiateurs familiaux et 17 validations du diplôme d’Etat d’ingénierie sociale (DEIS). Des résultats qui semblent conforter la VAE comme un mode efficace de qualification et de recrutement pour des métiers en pénurie. A condition cependant que l’Etat débloque en 2025 une enveloppe pour financer le dispositif, ce qui n’est toujours pas le cas dans la dernière mouture du projet de loi de finances.
>>> Pour compléter : PLF 2025 : sans financement, France VAE reste au point mort