Le 18 février 2022, lors de la Conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social, le premier ministre Jean Castex annonçait qu’une prime dite « Ségur » de 183 euros nets mensuels seraient versées aux professionnels du secteur. Une revalorisation salariale liée à la période post-covid, actant, selon le gouvernement, la reconnaissance des personnels intervenant auprès des personnes les plus vulnérables. Mais deux ans plus tard, « le compte n’y est pas », estime l’Uniopss dans un communiqué de presse du 19 février.
Les structures à la peine
Premier grief : de nombreux établissements n’ont toujours pas perçu la totalité de la compensation promise par l’Etat pour financer la prime accordée à leurs salariés. Certains n’ont carrément rien reçu. « À titre d’exemple, un établissement d’accueil médicalisé (Occitanie) serait en attente de 80 000 euros, un foyer d’accueil médicalisé (PACA) de 350 000 euros, une maison d’enfants à caractère social (île-de-France) de 126 000 euros… », déplore l’Uniops.
Résultat : les associations ont puisé sur leurs fonds propres et les déficits se creusent. « Quid des financements pour les années à venir et de l’impact sur l'équilibre financier des établissements ? », s’inquiète une association d’insertion. Faute de financements, une autre, spécialisée dans le domaine socio-judiciaire, s’est vue obligée de n’attribuer la prime qu’à la moitié de ses équipes. Une situation qui, selon l’Uniopss, ne correspond pas aux engagements pris par l’Etat : « qu’il s’agisse des montants, du périmètre des métiers concernés, de clés de répartition entre les établissements d’un même territoire, de crédits potentiellement non reconductible ».
90 000 oubliés du Ségur
Enfin, l’approche par métiers retenue pour la prime Ségur fait que certains professionnels -en majorité dans les services techniques et administratifs- en sont toujours exclus. Un rapport gouvernemental du 5 décembre dernier les estime ainsi à 90 000 en équivalent temps plein (ETP) du secteur non lucratif. La majorité exerce dans le champ du handicap, 20% en protection de l’enfance.
A la veille de la conférence salariale des ESMS, qui aura lieu le 28 février, l’Uniopss en appelle à Catherine Vautrin, ministre du Travail de la Santé et des Solidarités, et à François Sauvadet, président des Départements de France, pour qu’un « dialogue entre les acteurs associatifs, les professionnels et les autorités publiques s’instaure ». Objectif : débloquer les fonds prévus par l’Etat pour la revalorisation des bas salaires et, plus globalement, des métiers de l’humain.