ASH : Le 16 octobre dernier, les organisations syndicales et patronales – dont l’Udes – étaient réunies par la Première ministre à l’occasion d’une conférence sociale portant notamment sur l’augmentation des salaires et la revalorisation des grilles de classification afin qu’aucune ne compte de salaires de base infra-Smic. Quel bilan en tirez-vous ?
Hugues Vidor : La conférence sociale s’est notamment achevée sur l’annonce de la création d’un Haut Conseil aux rémunérations, ce qui nous paraît intéressant. A l’Udes, nos seize branches adhérentes ont négocié – ou négocient encore – une révision à la hausse des grilles salariales et des minima conventionnels pour les plus bas niveaux de qualification et les rémunérations infra-Smic.
Notre problème, c’est que certaines collectivités départementales choisissent d’ignorer ces accords conçus pour compenser financièrement le surcoût que ces augmentations de salaires représentent pour les employeurs de l’ESS ! C’est ce que subissent plusieurs de nos branches relevant du domaine du « care » comme celles du sanitaire et social à but non lucratif (Bass) ou de l’aide à domicile (BAD). Dans cette dernière, il existe par exemple un accord revalorisant de 15 % les rémunérations des salariés n’ayant pas été augmentés depuis dix ans. Or, deux départements, les Yvelines et les Hauts-de-Seine, ne l’appliquent pas ! Idem pour l’avenant 54 à la convention collective de la branche d’octobre 2022 qui augmente de 4 % la valeur du point pour aider les salariés à faire face à l’inflation : 30 % à 40 % des conseils départementaux choisissent de ne pas l'appliquer pour des raisons budgétaires.
Cette attitude est totalement contradictoire avec l’esprit de service public au moment où la question du vieillissement devient un enjeu de société. Nous demandons à Matignon et au ministère du Travail d’exiger des acteurs publics un respect des accords dès leur agrément !
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Cette situation pose-t-elle un problème pour l’attractivité de vos métiers ?
Oui. Nos branches recensent environ 100 000 emplois non pourvus, dont 50 000 pour le secteur médico-social, 25 000 dans celui de l’aide à domicile et 20 000 pour l’éducation populaire, l’animation et le sport. Or, sans revalorisation salariale, il est très difficile d’attirer de nouveaux candidats vers ces métiers. Les politiques publiques doivent être à la hauteur des ambitions affichées. L’Etat ne peut pas, d’un côté, contraindre les branches à négocier des augmentations pour les rémunérations infra-Smic et, de l’autre, laisser les collectivités départementales ne pas répercuter ces hausses de salaires. Il faudrait radicalement changer le système. La représentation de l’Association des départements de France trouve sa légitimité dans le fait qu’elle participe au financement des politiques publiques liées au care. Or, aujourd’hui, elle ne remplit pas son rôle.
A l’Udes, nous demandons non seulement qu’elle y prenne sa part, mais aussi que l’évolution de l’inflation – que les donneurs d’ordres ignorent trop souvent – soit systématiquement répercutée dans les appels d’offres.
>>> A lire, la suite de l’entretien sur info-socialrh.fr ; ESS: « Un certain nombre de nos accords salariaux ne sont ni agréés, ni respectés »