Les mobilisations se succèdent. Après la "braderie du social" organisée par la Fédération des acteurs de la solidarité, la manif pour soutenir l’expérimentation de Territoires zéro chômeur de longue durée, la tribune transpartisane signée par 55 parlementaires pour les enfants sans abri, ce 24 octobre, c’est au tour des employeurs associatifs du social et du médico-social de s’engager. En début d’après-midi, en marge des discussions des députés autour du PLFSS [Projet de loi de financement de la sécurité sociale] pour 2024, près d’une dizaine de directeurs adhérents de l’organisation de professionnels Nexem tout juste arrivés de province, brandissent une grande banderole devant le Palais Bourbon. C’est la deuxième étape d’une épopée débutée le matin même devant l’hôtel Matignon.
3 milliards d’euros de budget nécessaires
Le but : obtenir des pouvoirs publics des engagements financiers à hauteur des besoins pour soutenir le million de professionnels du secteur. Si leurs opérations « coup de poing » se sont soldées par un contrôle d’identité des forces de l’ordre, leurs témoignages, recueillis dans un café, sont sans ambiguïté : les établissements sociaux et médico-sociaux publics sont en danger.
« Nous demandons trois milliards d’euros (€) de budget dans le cadre des projets de loi de finances », affirme Alain Raoul, président de Nexem. « Une organisation systémique du ‘prendre soin’ s’avère nécessaire pour reconstruire le secteur. Nous attendons par ailleurs des politiques publiques cohérentes qui ne soient plus organisées en silo », précise-t-il.
>>> A lire aussi : A Rennes, les professionnels dénoncent la braderie du social
D’une part, le budget attendu permettrait aux établissements sociaux et médico-sociaux d’assurer une progression de carrière aux professionnels et de revaloriser les bas salaires.
Le versement par l’Etat de l’ensemble des primes salariales actées dans le cadre du Ségur constitue, d’autre part, un enjeu de survie pour les associations. « Il nous manque un tiers des sommes car si certains départements ont pris le relais en compensant la hausse des salaires, d’autres n’ont pas fait ce choix et cela pèse sur les établissements. 400 millions d’€ sont donc demandés », détaille le président.
Rétablir l’égalité entre salariés
Plus globalement, la revalorisation attendue de longue date par l’ensemble du secteur pour l’ensemble des personnels (administratif, services généraux et direction), reste une urgence. « C’est de la division ! Comment voulez-vous manager correctement des personnes dans une même structure quand elles ne sont pas loties de la même manière ? », dénonce René Bandol, secrétaire général de Nexem et directeur général de l’Asea [Association régionale spécialisée d’éducation et d’animation] composée de cinquante-sept structures en Alsace.
Par ailleurs, les employeurs réfléchissent à la mise en place d’une convention collective unique qui permettrait de protéger les 200 000 salariés non couverts actuellement. L’adaptation du secteur immobilier au regard des normes constitue aussi une urgence pour les structures.
Pour l’heure, 13 amendements ont été apportés au PLFSS par des députés. Pour sa part, Nexem organisera des manifestations régionales devant les conseils départementaux ou les préfectures durant les prochaines semaines.
>> Les propositions de Nexem pour le budget 2024
#SolidaritéEnDanger
— Nexem (@Nexem_actu) October 24, 2023
C'est le cri d’alerte des employeurs associatifs du social et du médico-social, notre mobilisation pour l’avenir du secteur de la #solidarité en France !pic.twitter.com/BBv242dEKl