Recevoir la newsletter

Approche communautaire : Médecins du monde au chevet des livreurs ubérisés (3/9)

Article réservé aux abonnés

Le local de la Maison des livreurs à Bordeaux.

Crédit photo DR
A Bordeaux, Médecins du monde intervient auprès des livreurs Uber de l'agglomération. L'association participe, selon une approche en santé communautaire, à soigner leurs maux et à améliorer leurs conditions de travail.  

Les files d’attente des Restos du cœur ont laissé place au va-et-vient des vélos. Depuis un an, la Maison des livreurs de Bordeaux, inspirée de sa grande sœur parisienne, a pris place dans ce bâtiment mis à disposition par la Ville. Gérée par l’Association de mobilisation et d’accompagnement des livreurs (Amal, qui signifie « espoir » en arabe) et un collectif de structures, elle est un lieu de répit. Travailleuses et travailleurs précaires peuvent y manger ou prendre un café, réparer leur matériel ou recharger les batteries de téléphone comme de vélos. Des permanences juridiques et des consultations médicales y sont dispensées régulièrement.

Né à l’initiative de la ville et d’anciens livreurs, ce projet rejoignait les préoccupations de Médecins du monde, qui l’a très tôt appuyé. « Pendant dix ans, nous avons mené un programme “squats et bidonvilles” avant de le transférer en 2022 à des dispositifs de droit commun. Et c’est en interrogeant, dans ce cadre, des personnes sur leurs besoins en santé que la problématique de l’amélioration de leurs conditions de travail a émergé. Notamment pour celles originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb exerçant comme livreurs des plateformes numériques », explique Claire Dugleux, coordinatrice du programme « Travailleur•euse•s précarisé•e•s » de l’association.
 

Le travail comme déterminant de la santé 

Pendant six mois, Médecins du monde mène alors une mission exploratoire visant à « analyser la pertinence d’un nouveau programme ciblant la question du travail comme déterminant majeur de la santé ». Les personnes rencontrées sont pour moitié en situation irrégulière ; 60 % louent un compte, parfois à des taux abusifs, à des détenteurs en règle. « Ce qui les exclut d’une grande partie des possibilités de couverture maladie. » La plupart d’entre elles vivent dans des conditions d’habitat précaires. Les diagnostics sont posés : troubles musculo-squelettiques, surexposition à la pollution de l’air générant des problématiques oculaires ou respiratoires, accidents sur la voie publique liés notamment à des prises de risque pour maximiser les rendements, stress dû aux contrôles de police et à la pression du chiffre…

La mission confirme la pertinence d’un programme d’intervention de cinq ans. Médecins du monde la mènera à la Maison des livreurs, dont elle devient cogestionnaire. Elle y tient des groupes de parole deux fois par mois et une permanence deux fois par semaine. « On a commencé par de la médecine générale, avant de se concentrer sur de la kiné et de la médiation en santé pour favoriser l’accès aux droits des personnes. »

Fidèle à ses principes, l’organisation non gouvernementale intervient selon une approche en santé communautaire. « On ne fait rien sans eux, explique Claire Dugleux. Souvent, on se pose dans les canapés, on discute de manière informelle. On leur demande comment ils vont, ce qui les préoccupe. On peut leur donner de l’info, mais on n’est pas là pour projeter ce qu’on pense. Il faut se recentrer sur ce qu’ils expriment. »

 


Notre dossier sur l'approche communautaire :

1. Pourquoi l'approche communautaire peine à prendre son envol en France ?
2. « L’action collective est potentiellement subversive »
3. A Bordeaux, Médecins du monde au chevet des livreurs ubérisés
4. Solidarités International et la bataille de l’eau
5. A Marseille, justice sociale et bidonville
6. A Dieppe, l’aventure dans les quartiers
7. A Lille, ATD quart monde recrée les liens avec l’école
8. Graines de HLM
9. Développer une action collective en 4 étapes

Métiers et formations

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur