Marie-Reine Tillon : il n’y aura pas de révolution de palais. Mon prédécesseur, Guillaume Quercy, a bien mis en évidence l’importance de l’aide à domicile. Ce secteur n’a jamais été autant au cœur des discours que pendant la crise. Désormais, les services d’aide à domicile doivent être le fer de lance de la future loi « grand âge et autonomie ». Je compte bien m’engager jusqu’au bout. Je n’ai pas l’intention de lâcher. Selon moi, il y a eu un énorme loupé avec la loi « ASV » [adaptation de la société au vieillissement], qui n’a pas été à la hauteur des annonces. Là, il ne faudrait pas que le gouvernement rate l’occasion de vraiment clarifier les choses en matière d’aide à domicile. Il faut aller jusqu’au bout dans le prendre soin des personnes fragiles. Nous sommes à la croisée des chemins. L’actualité politique le prouve.
MR-T : j’avoue que depuis mon arrivée, le 25 juin, je n’ai pas vu beaucoup le jour. Entre les réunions du Ségur santé, celles de la concertation grand âge dans le cadre de la loi autonomie, celles entre les différents acteurs dans le cadre de la mise en place de la 5e branche de la sécurité sociale… Nous sommes actuellement dans un tourbillon passionnant. Mais du coup, nous avons moins le temps de nous poser pour avoir une vision à moyen et long termes. Nous allons le faire début septembre. Parmi les sujets chauds, il y a la question de la prime. Nous n’arrivons toujours pas à avoir de clarifications sur son montant et qui doit la verser. Mais, au-delà de la prime, le plus important demeure la revalorisation des salaires et des métiers. Il faut arriver à ce que l’aide à domicile pèse dans les chantiers qui s’ouvrent, notamment lors de la loi « grand âge et autonomie ». Il faut sortir du discours lénifiant des politiques sur notre indispensabilité. Nous voulons du concret.
MR-T : au départ, nous étions très contents d’en faire partie. En réalité, nous sommes le tout petit poucet, avec un strapontin dans une énorme machinerie. Le temps de parole étant compté, nous ne sommes pas sûrs d’être vraiment entendus. Nous avons tout de même fait une contribution écrite. Et j’ai, à la rigueur, davantage, confiance en celle-ci que dans nos participations aux réunions. On sent bien que c’est extrêmement centré sur l’hôpital, qui en a besoin. Mais, du coup, nous, nous sommes vraiment très loin dans les préoccupations. J’ai donc très peur que ce Ségur ressemble fortement au grand débat de l’an dernier, après la crise des « gilets jaunes ». On avait mis tout le monde en mouvement. On avait énormément cogité. Au final, il n’y a pas eu grand-chose.
MR-T : ce que nous disions déjà à l’époque apparaît d’autant plus évident : il faut aller plus loin. Le rapport « El Khomri »(1) mettait bien en évidence les problématiques de salaires. Mais ce rapport a déjà près d’un an, et rien n’a bougé. La crise a montré l’importance, pour ceux qui ne le savaient pas encore, des métiers du domicile dans des situations aussi extraordinaires que celle-là. Il faut désormais aller plus loin, surtout dans la reconnaissance de certains métiers innovants comme les coordinateurs de parcours, les coordinateurs de prévention. Il en va de même du rapport « Libault »(2). Comme nous l’avions dit à l’époque, avant la crise, il ne va pas assez loin dans les besoins, surtout dans le financement du secteur du domicile.