Que retiendra le gouvernement d’un travail qui, plus qu’un énième rapport, a mobilisé toute une profession, en proie à une crise sans précédent ? La question était sur toutes les lèvres avant même la remise du Livre blanc le 5 décembre dernier. Elle l’est toujours deux semaines plus tard.
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Dans une déclaration commune, l’Anas (Association nationale des assistants de service social), France ESF, et les représentants des syndicats FSU, SUD, CFE CGC et CGT, membres du Haut Conseil du travail social (HCTS) se disent « unanimement déçus » par sa réception et par « le peu d’annonces faites ».
« Manque de cohérence »
« Nous retenons au final peu de perspectives pour le travail social ni aucun retour sur les moyens qui allaient être mis en œuvre pour sauver le secteur, déclarent-ils. Renvoyer la question des salaires à la convention collective unique n’est ni réaliste ni entendable. »
Malgré la présence de cinq ministres et « un constat général alarmant », les professionnels expriment le sentiment de n’avoir pas été entendus. « Les ministres ont-ils une réelle connaissance de ce secteur et de son quotidien ? »
Contactée, Céline Lembert, représentante de l’Anas, souligne le manque de cohérence du gouvernement : « Il y a un décalage entre des positions fortes qui ont été affichées dans le Livre blanc et reprises par les ministres et les déclarations contradictoires qui ont suivi. »
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Elle cite les prises de position de la ministre des Solidarités, Aurore Bergé, qui entendait sanctionner « les parents défaillants ». Elle souligne le souhait de développer l’« aller vers », tout en sanctionnant les allocataires du RSA. Ou encore les annonces sur des politiques isolées du bien vieillir ou de la petite enfance, alors même « qu’on ne cesse de répéter qu’il faut arrêter de travailler en silo et de morceler l’accompagnement des personnes ».
« Immobilisme »
S’interrogeant sur les « suites » qui seront données au Livre blanc et « comment il sera porté », les signataires demandent, comme l’a préconisé le président du HCTS Mathieu Klein, la mise en place d'un « comité de suivi ». Autant d’éléments qui seront à l’ordre du jour de la prochaine réunion du HCTS, fixée au 30 janvier.
« Les travailleuses sociales ne pourront pas être tenues pour responsables des conséquences de l’immobilisme » des membres du gouvernement, concluent les professionnels.