Comment présenter un des plus vieux services sociaux de France, avec le bataillon le plus important dans la Fonction publique d’Etat, qui conseille et intervient dans les établissements scolaires et universitaires et qui, malgré cela, reste invisible, notamment aux yeux du gouvernement, lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre leurs revendications les plus légitimes ? Allez, je me lance, mais un dossier complet serait nécessaire pour informer des missions, fonctionnements et surtout VDM de nos services ! A bon entendeur…
Depuis début février, il se passe un truc dans les rangs de ses services de femmes.
Des femmes compétentes et déterminées (quelques hommes aussi, mais si, mais si !), qui luttent au quotidien pour mettre en application la devise républicaine « liberté, égalité, fraternité », pour que tous les gamins et gamines petit.es et grand.es de ce pays, cabossé.es dès leur naissance ou par les événements de leur vie et de leurs proches (décès, séparations, accidents, maladies…), issu.es ou non d’une famille connaissant continuellement ou provisoirement des soucis financiers, ayant ou pas des parents biberonnés aux best-sellers du style « Comment élever son enfant sans violence ? », « Le Respect » ou « Comment se comporter en société ? », puissent garder ou retrouver des ambitions et projets dans leur vie d'adulte.
Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a affiché des priorités fortes : la protection de l’enfance, la santé psychologique des élèves, le harcèlement scolaire, soit des missions sur lesquelles les personnels sociaux sont en première ligne chaque jour et reconnus dans les établissements comme intervenants centraux et indispensables sur ces questions. Pourtant, une fois de plus, une fois de trop, les personnels sociaux sont oubliés de toute annonce de revalorisation salariale et de création de postes. Dans le même temps, les infirmières scolaires, dont le binôme avec les assistant.e.s de service social scolaires n’est plus à démontrer, se voient justement revaloriser à hauteur de 200 € mensuels, avec une prime de 800 € et des créations de postes. Si nous ne pouvons que saluer ces annonces pour nos collègues, il est parfaitement inacceptable que, une fois de plus, les personnels sociaux soient oubliés et méprisés à ce point !
« Le service social en faveur des élèves, service social spécialisé de l’Education nationale, concourt à l’égalité des chances et à la lutte contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative. Elément essentiel du système éducatif, il participe du droit à l’éducation garanti à chacun afin de lui permettre de développer sa personnalité, d’élever son niveau de formation initiale et continue, de s’insérer dans la vie sociale et professionnelle et d’exercer sa citoyenneté. » (circulaire n° 2017-055 du 22-03-2017)
« L'assistant de service social met en œuvre des actions visant à aider les agents qui connaissent des difficultés sociales ou socioprofessionnelles, en recherchant les causes qui compromettent leur équilibre psychologique, économique ou social et en menant toutes actions susceptibles de prévenir et de remédier à ces difficultés. » (décret n° 2017-1051 du 10-05-2017)
« Concourant à la mise en œuvre des politiques sociales dans les Crous et les établissements d’enseignement supérieur, le service social a pour mission principale d’aider les étudiants à s’insérer au mieux dans leur parcours d’études et à appréhender dans les meilleures conditions l’apprentissage de leur autonomie. Il contribue par son action à la réduction des inégalités. » (circulaire du 3-02-2014)
Et pourtant, seulement :
2 700 assistantes sociales pour 12 millions d’élèves !
200 assistantes sociales pour 1,2 million de personnels (elles contribuent également à l'action sociale en faveur de leurs ayants droit et aux personnels pensionnés de l'Etat…) !
200 assistantes sociales pour 3 millions d’étudiant.es !
Profession extrêmement féminisée, nos revendications entrent pleinement dans l’application des protocoles d'égalité femmes-hommes, notamment par une revalorisation conséquente de nos grilles indiciaires (première préconisation du Livre blanc du Haut-Conseil du travail social).
>>> Lire aussi : Assistantes sociales scolaires : les raisons de la colère
Nous demandons l’attribution du complément de traitement indiciaire (CTI), l’abandon de la proratisation des indemnités REP-REP+, l’intégration des primes au traitement indiciaire.
Relancé encore une fois dans l’actualité par le vote au Sénat du transfert de compétence aux départements de la « médecine scolaire », nous revendiquons le maintien et la valorisation des services sociaux, au sein du ministère de l’Education nationale sans aucune restructuration en équipe-pôle médico-social. Nous sommes assistantes de service social, et non assistantes médicales !
Nous demandons la création massive de postes dans les trois services sociaux et la création d’un service social spécifique au premier degré, avec un encadrement, des moyens, des formations dédiées.
Nous demandons la promotion automatique sans notion de mérite : nous sommes toutes méritantes pour exercer un métier aux risques psychosociaux très élevés, et la concurrence entre nous détruit la nécessaire coopération pour exercer et faire fonctionner nos services.
Pour une première tribune, c’est déjà, à mon sens, un bon début !
Aujourd’hui 22 mars, on se retrouve à Paris pour organiser la visibilité de nos services, et dans la rue pour se faire entendre de notre ministère.
Le SNUASFP FSU appelle aussi les collègues à se retrouver le 4 avril aux côtés de l’ensemble des travailleuses et travailleurs du social, du médico-social et de la petite enfance pour crier le ras-le-bol de notre secteur d’activité, élément essentiel de notre démocratie !