Mercredi 28 juin, plusieurs mobilisations interrégionales ont été organisées à Bordeaux, Marseille, Lyon, Nîmes, Nantes, Dijon et Lille. Principale revendication de cette manifestation publique : la généralisation de la prime Ségur de 183 € net à l’ensemble des personnels ayant exercés dans les secteurs social et médico-social durant la crise sanitaire.
Si entre 2020 et 2022 la liste des professionnels éligibles à cette revalorisation s’est étoffée, de nombreux acteurs en sont toujours exclus, avec des différences de salaires estimées à 10 % ou 15 %.
Fragilité des structures
« En termes de gestion des ressources humaines, c’est une catastrophe », pointe Dominique Demory, président de l’Uriopss (1) Hauts-de-France et coordonnateur du Collectif des métiers de l’humain en danger (Comed) de la région. « Parfois, dans un même service, des personnes qui ont les mêmes diplômes, les mêmes missions et la même ancienneté ne perçoivent pas des salaires identiques. Ils préfèrent donc “traverser la rue” pour s’engager dans un poste où ils perçoivent la prime », rappelle-t-il.
Au sein de nombreuses associations, les effets du manque d’équité sont perceptibles :
- fuite du personnel ;
- accroissement du manque d’attractivité ;
- réduction de la capacité d’accueil ;
- fermeture de services ;
- recrutement de personnels non formés ;
- baisse de la qualité d’encadrement et d’accompagnement ;
- détérioration des conditions de travail ;
- mise en danger des usagers ;
- injonctions paradoxales pour les directeurs, garant du contrat social pour les professionnels.
« Cette exclusion des professions administratives et des services généraux complexifie le contexte d’un secteur déjà en tension. Ce n’est vraiment pas utile ! Sur nos 380 salariés, 70 ne perçoivent pas la prime. Cela nous a enfoncé la tête sous l’eau », souligne Sabrina Le Nepvou, directrice générale de l’association L’Oréag (2) qui intervient sur les champs de la protection de l’enfance et du handicap en Gironde et en Dordogne. « Par exemple, au sein de l’association, le personnel administratif assure désormais des missions d’accueil des usagers, les agents d’entretien se chargent de missions de transports… Cela pose un gros problème », fustige-t-elle.
Priorité à revoir
« Nous sommes régulièrement reçus par l'agence régionale de santé), le département et la préfecture. Bien qu’ils fassent remonter nos préoccupations au niveau national, pour l’heure, le silence reste de mise », indique, pour sa part, Philippe Carnero, directeur général de l’association Edea (3) basée à Bordeaux et membre du comité de pilotage du collectif Ségur pour tous de Nouvelle-Aquitaine.
Côté pouvoirs publics, après neuf mois de revendications nationales des acteurs, rien ne bouge : pour le gouvernement, l’alternative repose sur la création d’une convention unique de branche, élaborée entre des fédérations d’employeurs, des syndicats employeurs et salariés. Les discussions des parties prenantes devraient aboutir à la fin de l'année. Selon les professionnels, cette option ne tient pas compte de l’urgence de terrain, qui repose sur la revalorisation des salaires les plus bas et sur une égalité de traitement dans le secteur.
« L’Etat fait des annonces qui n’aboutissent pas. Il y a quelques mois, la Première ministre Elisabeth Borne assurait l’inclusion des écoutants du Samu social comme bénéficiaires de la prime Ségur. Ils attendent toujours... », détaille Bruno Morel, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (Fas) d’Ile-de-France.
(1) Union régionale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux.
(2) Orientation et rééducation des enfants et adolescents de la Gironde.
(3) Ensemble développons l’accompagnement.
Près de 5 000 personnes mobilisées aujourd’hui pour la reconnaissance et la revalorisation de tous les professionnels du secteur médico-social à l'occasion d’une mobilisation de l’agence régionale de santé de Lille jusqu’à La Préfecture !#solidarité #social #medicosocial pic.twitter.com/FaGzlpCGwz
— URIOPSS Hauts-de-France (@Uriopss_HDF) June 28, 2023
Pour un hébergement d’urgence respectueux de la dignité des personnes.
— Emmaüs Solidarité (@EMMAUSolidarite) October 30, 2019
La Fédération des Acteurs de la Solidarité publie une lettre ouverte au Préfet de Paris et de l’Ile-de-France : https://t.co/lsz0LzEFrG pic.twitter.com/jEIAp5WBpM
L' @UnapeiHDF est présente à la manifestation du secteur social, médico-social et sanitaire.
— Unapei Hauts-de-France (@UnapeiHDF) June 28, 2023
Cette mobilisation réunit des associations de toute la France à travers le Collectif nationale Ségur pour tous#SegurPourTous #CriseMetiersdelHumain #TousEssentielsTousReconnus #unapei pic.twitter.com/nxmc80brrk