Impossible, en matière de formation continue des professionnels, de faire comme si la crise sanitaire n’avait pas existé. L’avis est unanime, parmi les associations et fédérations qui regroupent les personnels du secteur médico-social. L’urgence mais aussi ses suites ont pointé de nouveaux besoins tant, affirment les experts, en matière de contenus que de formats.
Dès lors, les négociations entre partenaires sociaux, sur un futur accord de formation dans cette branche, pourraient bien avoir à se pencher sur des enjeux de programmes, autant que de modalités de transmission des savoirs. En attendant, si certains employeurs importants du secteur disent qu’il est encore trop tôt pour eux pour faire part des évolutions qu’ils présentent ou vont proposer dans leur catalogue de formation, d’autres ont déjà engagé des réflexions pour refondre leur catalogue dès la saison prochaine. Pas forcément dès la rentrée de septembre, mais à coup sûr au cours des mois à venir.
Leur objectif premier ? Répondre aux besoins pointés par la crise. Des besoins préexistants se sont vus remis sur le devant de la scène, fait observer Stéphanie Duvert, directrice du pôle « affaires sociales » de Nexem, fédération qui forme chaque année près de 3 000 professionnels des quelque 10 000 établissements et services qu’elle gère. Elle mentionne en particulier les enjeux de santé et de sécurité des personnels.
La gestion de crise, une question de plus en plus présente
Les nouvelles modalités d’accompagnement, telles qu’elles ont été improvisées pendant la crise, nécessiteront aussi d’être mieux formalisées et enseignées. D’autant que les bénéficiaires, eux aussi, devront être formés par les professionnels à l’utilisation des outils de suivi à distance par exemple.
Enfin, prévient Stéphanie Duvert, « les crises font bien plus partie de notre quotidien que ce que l’on présageait. Aussi, les compétences spécifiques pour être en capacité de gérer une crise suscitent-elles de plus en plus d’intérêt. Avec les canicules, les grippes…, les enjeux environnementaux, notamment, sont très forts. » La crise actuelle pose aussi d’importants enjeux socio-économiques et, là encore, les professionnels auront besoin d’être formés.
« On ne connaît pas encore complètement l’impact de cette crise sur nos missions et on ne sait pas encore comment totalement se prémunir en matière de gestion des crises », remarque Stéphanie Devert, mais pour autant, Nexem ou APF formation ont déjà fait aboutir quelques réflexions pour de nouveaux programmes et thématiques de formation.
En premier lieu, arrivent le télétravail et ses modalités, précédemment si éloigné des pratiques des travailleurs médico-sociaux. Cela posera également des questions de formation des managers à ces nouvelles façons de collaborer avec leurs équipes, plus mobiles qu’auparavant. APF formation a aussi, dès maintenant, inscrit à son catalogue 2021 un module sur la gestion de la charge mentale.
Outre les contenus, les modalités de formation elles-mêmes commencent déjà à être revues. Ainsi Muriel Hurtaud, directrice d’APF formation, note-t-elle que les questions de formation à distance ont été singulièrement accélérées par le printemps confiné. Elle indique que la combinaison formation à distance et en présentiel va se renforcer.
Pour mettre en œuvre ces changements sur tous les fronts, les employeurs du secteur médico-social confient fouiller avec attention les catalogues des divers partenaires de formation qui ont sans doute, eux aussi, tout intérêt à se réinventer pour conserver leurs clients dans ce secteur…
